Viktor Orban en « mission de paix » surprise à Moscou

| 3 530


Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, arrive en délégation à Moscou pour une réunion avec le président russe. Photodiffusée par le bureau du premier ministre hongrois le 5 juillet 2024.

Arrivé à l’improviste à Moscou, vendredi 5 juillet, pour des entretiens avec le président Vladimir Poutine au sujet de la guerre en Ukraine, le premier ministre hongrois, Viktor Orban, était confiant. Celui qui occupe pour six mois la présidence tournante de l’Union européenne (UE) se sentait particulièrement bien placé pour jouer les médiateurs. « La Hongrie est en train de devenir le seul pays d’Europe capable de parler à tout le monde », s’est-il vanté avant d’être reçu au Kremlin.

Après trois heures d’échanges, son discours a changé. « Les positions sont très éloignées », a-t-il indiqué aux journalistes, soulignant néanmoins qu’un « pas important » avait été franchi et qu’il poursuivrait ses efforts. « Nous avons eu une conversation franche et utile », a déclaré pour sa part Vladimir Poutine, dont les exigences n’ont pas varié.

La paix est envisageable seulement si l’Ukraine retire ses troupes… d’Ukraine, ainsi le président russe réclame « le retrait total de tous les soldats ukrainiens des républiques populaires de Donetsk et Lougansk et des régions de Zaporijjia et Kherson » que son armée ne contrôle pas complètement, et bien sûr le renoncement à l’OTAN ainsi que la levée des sanctions. Une position inacceptable, tant pour Kiev que pour les Européens qui n’avaient pas été prévenus de la « mission de paix » du leader hongrois. Ce dernier est très proche du maître du Kremlin puisqu’il s’agit de son cinquième séjour à Moscou depuis le début de la guerre en février 2022.

Un geste « irresponsable et déloyal »

Très médiatisée côté russe, sa visite a suscité un véritable tollé en Europe. La provocation a beau être la marque de fabrique de M. Orban, son initiative a particulièrement heurté, deux jours après avoir rencontré Volodymyr Zelensky, à Kiev. Sur le réseau social X, les chefs de gouvernement ont dénoncé un geste « irresponsable et déloyal », comme l’a écrit le premier ministre suédois, Ulf Kristersson.

Son homologue estonienne, Kaja Kallas, a jugé que M. Orban « exploite la position de la présidence de l’UE pour semer la confusion. L’UE est unie, clairement derrière l’Ukraine et contre l’agression russe. » « Le Conseil européen est représenté en politique étrangère par [le président du Conseil européen] Charles Michel, a pour sa part souligné le chancelier allemand Olaf Scholz. La position de l’UE est très claire : nous condamnons la guerre d’agression russe. L’Ukraine peut compter sur notre soutien. » Jeudi, M. Michel avait déjà rappelé cette règle alors que la rumeur de ce voyage commençait à se répandre. Seul Jens Stoltenberg, le secrétaire général de l’OTAN, a confirmé avoir été tenu au courant.

Il vous reste 51.54% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link