Une quarantaine de personnes ont été interpellées, jeudi 14 novembre, en marge du match France-Israël (0-0) au Stade de France à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), donnant lieu à une vingtaine de gardes à vue mais pour « rien de grave », a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources policières vendredi. Une source policière a précisé à l’AFP que 40 autres personnes avaient été interpellées au total en marge du match.
Ce match à risque, tenu sous très haute surveillance (4 000 policiers et gendarmes déployés) après les violences de la semaine dernière en marge d’un match du Maccabi Tel-Aviv à Amsterdam, s’est « très bien déroulé d’un point de vue sécuritaire », a confirmé vendredi le préfet de police de Paris, Laurent Nunez, sur France 2.
Un bref mouvement de foule s’est produit dans une tribune supérieure lors de la première période, entraînant l’intervention des stadiers pour empêcher des supporteurs israéliens de se mêler aux supporteurs français. Sur des images filmées en tribunes, on peut voir des spectateurs échanger des coups, dont l’un porte un drapeau israélien sur les épaules.
« Il y a une bagarre qui a éclaté, qui a tout de suite été contenue par les stadiers », a expliqué Laurent Nunez. Une personne a été immédiatement interpellée puis une deuxième à l’issue du match, grâce aux vidéos de surveillance, a poursuivi le préfet sans préciser si les deux personnes en garde à vue étaient des supporters de l’équipe française ou israélienne.
Seuls les drapeaux français et israélien étaient autorisés ; les bannières palestiniennes, de même que les messages à caractère politique, étaient interdites.
En sortant du stade, Jad Charaf, 19 ans, étudiant en droit à Nanterre, montre son tee-shirt blanc sur lequel il est écrit « Free Palestine », « Free Lebanon » et « Free World ». « Ils ont interdit le drapeau palestinien, mais pas les tee-shirts, dit-il. Ils disent que la politique n’a pas sa place dans le sport, mais le sport a toujours été politique. J’ai essayé de montrer de cette façon mon mécontentement et de donner notre opinion. Je suis contre toute perte civile. Que nos politiques ne fassent rien face à ce qui se passe à Gaza et au Liban me brise le cœur. »
Dispositif sécuritaire exceptionnel
L’enjeu sportif de ce rendez-vous en banlieue parisienne comptant pour la Ligue des nations a été largement éclipsé par le contexte géopolitique. Emmanuel Macron, qui a assisté à la rencontre, avait assuré au président israélien, Isaac Herzog, et au premier ministre Benyamin Nétanyahou de la « mobilisation de la France » pour un « bon déroulement du match ».
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Le sélectionneur d’Israël, Ran Ben Shimon, a remercié les autorités françaises pour avoir assuré la sécurité de son équipe. « On veut remercier les gens de la sécurité pour nous avoir protégés. Merci à la sécurité française et aux autorités qui ont organisé ce match de manière extraordinaire et fantastique », a-t-il déclaré en conférence de presse après la rencontre.
La sécurisation du match était devenue une problématique majeure alors que l’Europe fait face à une montée des actes racistes et antisémites depuis les attaques du 7 octobre 2023 en Israël et le début de la guerre à Gaza.
Un total de 4 000 policiers et gendarmes avaient été déployés à la fois autour et, fait rare, dans le stade de Saint-Denis, ainsi que dans les transports en commun et dans Paris. En plus des forces de l’ordre, environ 1 600 agents de sécurité étaient mobilisés au Stade de France et le RAID assurait la sécurité de l’équipe d’Israël.
Record de la plus faible affluence
L’enceinte de Saint-Denis (80 000 places) a sonné un peu creux puisque seulement 16 611 spectateurs étaient présents, soit la plus faible affluence pour un match de l’équipe de France au Stade de France. Les premiers rangs de sièges étaient recouverts d’une bâche pour prévenir toute intrusion et des grilles avaient été dressées au-dessus des panneaux publicitaires sur tout le pourtour du terrain.
Les craintes de débordements s’étaient accentuées après les graves incidents qui avaient suivi la rencontre de Ligue Europa entre l’Ajax et le Maccabi Tel-Aviv, dans la nuit du 7 au 8 novembre à Amsterdam. Des supporteurs israéliens avaient alors été pourchassés et battus dans les rues de la capitale néerlandaise, des attaques qui ont fait 20 à 30 blessés et suscité l’indignation de nombreuses capitales occidentales. Avant le match, des fans du Maccabi avaient scandé des chants anti-arabes et brûlé un drapeau palestinien sur la place du Dam, dans le centre de la capitale néerlandaise.
Les autorités françaises avaient catégoriquement exclu de renoncer au match ou de le délocaliser, comme l’avait fait la Belgique en septembre.
Israël avait pour sa part appelé dimanche les supporteurs à éviter de se rendre au Stade de France. Et le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a demandé jeudi soir aux autorités françaises d’assurer « la sécurité des supporteurs israéliens ». Encadrées par une association de défense de la communauté juive, plus de 600 personnes se sont rendues au stade dans une dizaine de bus affrétés et placés sous haute sécurité policière.
Les autorités avaient prévu la sécurisation des lieux de culte et communautaires juifs à Paris et en banlieue proche, selon une note de la préfecture de police (PP) consultée par l’AFP. La PP avait aussi exigé des forces de l’ordre une vigilance accrue dans des lieux où des « supporteurs [de la sélection israélienne] seraient susceptibles de se déplacer ».
A Saint-Denis, place du Front-Populaire, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées jeudi soir pour dénoncer la tenue du match.