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La Russie occupe régulièrement une place importante à la Conférence de Munich sur la sécurité. En 2007, le président russe, Vladimir Poutine, y avait exposé, avec une froide détermination, sa vision du monde ainsi que celle de sa politique étrangère et de sécurité. Le choc avait été grand pour ceux qui connaissaient mal la Russie. Il avait ensuite méthodiquement déroulé son programme jusqu’à l’invasion de l’Ukraine, le 24 février 2022. Au regard de l’histoire, l’édition de 2025 aura été à la hauteur. Le président américain, Donald Trump, avait affiché l’objectif de régler rapidement le conflit ukrainien, et le discours de son vice-président était très attendu. J. D. Vance a pourtant à peine mentionné cette crise, vendredi 14 février, préférant infliger une leçon de démocratie aux dirigeants européens.
L’effet de sidération passé, il faut se concentrer, de manière opérationnelle, sur l’équation de la négociation amorcée. Il importe, tout d’abord, de prendre la mesure des revendications russes sur la base des objectifs que Moscou met en avant depuis le début de la guerre. Elles s’ordonnent en trois blocs. Le bloc territorial, d’abord : l’acceptation d’un cessez-le-feu suppose un retrait des troupes ukrainiennes des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia dans leurs limites administratives, c’est-à-dire un retrait ukrainien de zones dont la Russie n’a, dans certains cas, jamais eu le contrôle, comme Zaporijia. Un accord exigera ensuite la reconnaissance des « nouvelles réalités territoriales », c’est-à-dire l’appartenance à la Fédération de Russie de la Crimée et de Sébastopol et des régions de Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijia, déjà annexées.
Le bloc sécuritaire, ensuite : la « démilitarisation » de l’Ukraine signifie sa renonciation à adhérer à l’OTAN, et l’acceptation d’un statut neutre, non aligné et non nucléaire. Le bloc politique, enfin : la « dénazification » passe d’abord par le refus de négocier avec le président Zelensky, dont la légitimité est niée par Moscou depuis la fin officielle de son mandat, en mai 2024. Le respect des droits, des libertés et des « intérêts » des russophones d’Ukraine est aussi mentionné.
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