une accumulation de maladies inédite et inquiétante pour le bétail en France

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Marie-Odile Nicolas injecte un antibiotique à une de ses chèvres malades. Une partie de son élevage est atteinte de la fièvre catarrhale ovine (FCO).   A Aspremont (Hautes-Alpes), le 7 septembre 2024.

Depuis un an, ce ne sont pas un, ni deux, mais bien trois fléaux qui se sont abattus sur les élevages ovins et bovins français. Ce fut d’abord, en août 2023, la détection d’une nouvelle souche du sérotype 8 de la fièvre catarrhale ovine (FCO) dans l’Aveyron puis, en septembre 2023, l’arrivée sur le territoire de la maladie hémorragique épizootique (MHE) depuis l’Espagne vers les Pyrénées-Atlantique, et enfin, le 5 août, la détection d’un premier cas d’un nouveau sérotype, le 3, de la FCO en provenance de Belgique vers le Nord. Trois épizooties potentiellement mortelles pour les bêtes. Trois virus véhiculés par les mêmes moucherons, les culicoïdes.

« La situation française actuelle est inédite en Europe, donc ça nous inquiète », s’alarme Emmanuel Garin, vétérinaire épidémiologiste pour le réseau des Groupements de défense sanitaire (GDS France). « Pour un élevage, être touché par une maladie, ça a des impacts sur la santé et le bien-être des bêtes, sur la production, sur le coût des traitements vétérinaires. Mais si en plus, quelques mois après, c’est au tour d’une deuxième puis d’une troisième maladie, on ne sait pas ce que ça va avoir comme conséquence ; c’est une grande inconnue », explique l’expert, qui conseille les éleveurs pour améliorer la santé et le bien-être de leurs animaux.

La carte retraçant l’avancée des différents fronts – régulièrement mise à jour par le GDS France – fait déjà état de plusieurs cas de cocirculation virale. Un grand quart sud-ouest est touché à la fois par le sérotype 8 de la FCO et la MHE, tandis que la Nièvre, la Saône-et-Loire et le Doubs accueillent les deux sérotypes de la FCO.

Les humains ne sont pas touchés

Depuis sa première détection en France en 2006, la FCO a été responsable de plusieurs vagues épizootiques affectant les ovins, mais aussi les bovins et, dans une moindre mesure, les caprins. Si elle peut avoir des conséquences graves pour les animaux, avec des symptômes allant de la fièvre aux troubles respiratoires, en passant par des œdèmes de la face, mais aussi des cyanoses de la langue – ce qui lui vaut le nom de « blue tongue » (langue bleue) en anglais –, elle ne peut pas affecter les humains et n’a aucune conséquence sur la qualité des produits (viande, lait) issus des animaux malades.

Depuis la réémergence de la maladie en 2015, les symptômes semblaient s’être atténués, peut-être en raison d’une immunité collective acquise au gré des vagues successives. La FCO est depuis considérée comme endémique ; le vaccin contre le sérotype 8 n’est plus remboursé par l’Etat. L’arrivée d’une nouvelle souche il y a un an a pourtant durement touché les élevages. « Personne ne s’attendait à l’émergence d’une nouvelle souche, parce que c’est un virus qui mute normalement peu, analyse Emmanuel Garin. Elle porte le même nom, mais d’un point de vue sanitaire, ce n’est pas la même maladie. » Le nouveau sérotype 3, en provenance du nord de l’Europe, rebat encore les cartes. D’autant plus qu’il semble plus virulent que son cousin du Sud : les éleveurs décrivent notamment des bêtes perdant leurs sabots.

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