
Un séisme de magnitude 8,8, le plus puissant dans la région en près de soixante-treize ans, a frappé, tard mardi 29 juillet, au large de la péninsule russe du Kamtchatka, provoquant des tsunamis en Russie et au Japon et déclenchant des alertes dans presque tout le Pacifique.
Un tsunami a provoqué des inondations à Severo-Kourilsk, dans le nord de l’archipel des Kouriles, a annoncé le ministère des situations d’urgence russe. Les autorités ont déclaré l’état d’urgence mercredi en début de matinée dans la zone. Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux ont montré des immeubles envahis par l’eau à Severo-Kourilsk, ville d’environ 2 000 habitants. Selon le maire du district russe des îles de Kouriles du Nord, « tout le monde a été évacué ».
Dans le même temps, des images en direct à la télévision japonaise montraient des personnes évacuant en voiture ou à pied vers des zones plus élevées, notamment dans l’île septentrionale de Hokkaido, où un premier tsunami provoquant une vague de 30 centimètres a été observé.
L’Institut américain de géophysique (USGS) avait initialement fait état d’un tremblement de terre d’une magnitude de 8,7, avant de relever sa puissance à 8,8. Il est survenu vers 1 h 25 mardi (heure à Paris) à 20,7 km de profondeur, à environ 126 km de la capitale de la région du Kamtchatka, dans l’Extrême-Orient russe.
Cette magnitude est la plus forte enregistrée depuis 1952 dans la région du Kamtchatka, selon les services sismologiques locaux.

Evacuation de la centrale nucléaire de Fukushima
La télévision japonaise NHK diffusait une couverture spéciale avec un présentateur demandant aux habitants des côtes de partir : « Evacuez immédiatement pour sauver vos vies. » Les employés de la centrale nucléaire de Fukushima, dans le nord du Japon, détruite par un puissant séisme et un tsunami en mars 2011, ont été évacués, a indiqué son opérateur.
« Des tsunamis frapperont à répétition. Ne vous aventurez pas en mer et ne vous approchez pas des côtes tant que l’alerte n’est pas levée », a averti l’Agence météorologique japonaise (JMA). Celle-ci avait initialement annoncé une vague pouvant atteindre 1 mètre, mais cette prévision a ensuite été portée à 3 mètres.
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Certaines lignes ferroviaires ont été suspendues. « Les habitants des régions où des alertes ont été émises doivent immédiatement évacuer vers des endroits sûrs, zones surélevées ou bâtiments d’évacuation », a insisté le porte-parole du gouvernement, Yoshimasa Hayashi.
L’alerte japonaise porte sur toute la côte nord et est de l’archipel, jusqu’au sud d’Osaka, ainsi que sur les petites îles périphériques. Au-delà, ainsi que dans les baies de Tokyo et d’Osaka, le tsunami pourrait engendrer une vague de 1 mètre.
Le centre américain des tsunamis (PTWC), qualifiant l’impact potentiel de « dangereux », alerte de son côté sur un risque de vagues de plus de 3 mètres le long de certaines côtes de l’Equateur, du nord-ouest des îles hawaïennes et de la Russie. Les autorités équatoriennes ont ainsi ordonné l’« évacuation préventive » du littoral des îles Galapagos.
Des vagues hautes de 1 à 3 mètres au-dessus du niveau des marées sont par ailleurs possibles le long de certaines côtes du Chili, du Costa Rica, de la Polynésie française, de Guam, d’Hawaï, du Japon et d’autres îles et archipels du Pacifique, ajoute-t-il. Enfin, d’autres jusqu’à 1 mètre peuvent être attendues ailleurs, notamment en Australie, en Colombie, au Mexique, en Nouvelle-Zélande, aux Tonga et à Taïwan.
Au Mexique, les autorités ont ordonné aux habitants de toute la côte Pacifique, de la Basse-Californie jusqu’au Chiapas, de se tenir éloignés de l’océan. Les Philippines ont elles aussi exhorté les habitants de la côte est à se déplacer vers l’intérieur des terres, prévoyant une vague d’une hauteur allant jusqu’à 1 mètre, et ont conseillé aux pêcheurs déjà en mer de rester au large en eaux profondes. La Chine ou encore la marine péruvienne ont également émis une alerte tsunami.
Les Etats-Unis ont lancé une série d’alertes de différents niveaux le long de la côte ouest nord-américaine de l’Alaska jusqu’à toute la côte californienne. Des alertes au tsunami ont été diffusées sur les téléphones portables se trouvant dans certaines zones en Californie, selon des journalistes de l’Agence France-Presse.
Séisme de magnitude 7,4 il y a dix jours
Au moins six répliques ont secoué la région, dont une de magnitude 6,9 et une autre de 6,3, selon l’USGS. Le service sismologique du Kamtchatka a prévenu que des répliques pouvant atteindre 7,5 sont attendues dans les prochains jours.
Le 20 juillet, un séisme de magnitude 7,4, suivi de nombreuses répliques, s’était également produit au large des côtes du Kamtchatka, sans faire de dégâts majeurs.
L’épicentre du séisme de mardi est à peu près le même que celui d’une secousse massive de magnitude 9,0 survenue en novembre 1952, qui avait provoqué un tsunami dévastateur dans tout le Pacifique, a précisé l’USGS.
La péninsule du Kamtchatka est le point de rencontre entre les plaques tectoniques du Pacifique et nord-américaine, ce qui fait de la région l’une des zones sismiques les plus actives de la planète. Depuis 1900, sept séismes de grande ampleur, d’une magnitude supérieure ou égale à 8,3, sont survenus le long de cette péninsule.