un homme, soupçonné d’avoir tué sa compagne et ses quatre enfants à Meaux, a été placé en garde à vue

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« L’auteur présumé » d’un quintuple meurtre survenu à Meaux (Seine-et-Marne), placé en garde à vue mardi 26 décembre, était connu pour des faits de violences conjugales. Peu avant 21 heures, le soir de Noël, cinq corps sans vie ont été découverts dans un appartement. Il s’agissait « d’une mère de famille et ses quatre enfants, respectivement âgés de 10 ans, 7 ans, 4 ans et 9 mois », a rapporté, mardi, le procureur de République de Meaux, Jean-Baptiste Bladier, qui a livré quelques détails sur les faits lors d’une conférence de presse.

Après avoir été sollicitées par des proches inquiets en l’absence de nouvelles des victimes, les forces de l’ordre ont découvert « ce qui constitue à l’évidence une scène de crime d’une très grande violence », a décrit le procureur. Une femme âgée de 35 ans et ses deux filles « ont été victimes d’un très grand nombre de coups de couteau dont il est impossible de déterminer le nombre en l’état (…) tant sur la face avant qu’arrière des corps », selon les premières constatations médico-légales. « Traces, flaques et mares de sang » ont été observées dans différentes pièces de l’appartement.

La cause de la mort des jeunes garçons, respectivement âgés de 4 ans et de neuf mois, ne présentant pas de plaies apparentes sur le corps, reste indéterminée. Le procureur privilégie la piste d’un étouffement, voire d’une noyade pour le plus grand. Les autopsies vont se poursuivre mercredi.

Des premiers coups de couteau en 2019

Le père, absent au moment où les corps ont été retrouvés, a été recherché par les services de police avant d’être interpellé dans la matinée de mardi. Il a par la suite été placé en garde à vue, mais reste hospitalisé pour « d’importantes » blessures à la main.

L’homme âgé de 33 ans n’a pas encore été entendu mais, selon les forces de l’ordre qui ont procédé à son placement en garde à vue, il dit « savoir pourquoi il est en garde à vue, s’en être pris à sa famille en évoquant un mal-être personnel et sa dépression », rapporte le procureur de la République.

Si son casier judiciaire est vide, il existe une procédure à son encontre pour des faits violences intrafamiliales et troubles psychiatriques. Il avait déjà porté en 2019 un coup de couteau à son épouse, à l’omoplate, a déclaré le procureur de la République de Meaux. La procédure avait été classée sans suite au motif d’état mental déficient, a précisé Jean-Baptiste Bladier lors de sa conférence de presse.

Une expertise avait attesté de l’existence de l’abolition du discernement chez le mis en cause, suivi depuis 2017 pour troubles dépressifs et psychotiques.

Enquête pour homicides volontaires avec préméditation

Des enquêtes ont été ouvertes pour « homicides volontaires sur mineurs de 15 ans » et pour « homicides volontaires sur conjoint », passibles d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité, a rappelé le procureur de Meaux. Les investigations ont été confiées au service de police judiciaire de Versailles.

« Si les autorités compétentes devaient conclure –  pas avant plusieurs mois –  à l’existence d’une altération du discernement au moment des faits, la peine encourue serait de trente ans (…) Si elles concluent à l’abolition du discernement, il existerait une voie procédurale procédant à la saisine de la cour d’appel pour prononcer des mesures de sûreté », a précisé le procureur.

L’actualité récente a été marquée par deux triples infanticides perpétrés par des pères, en région parisienne. Fin novembre, un homme de 41 ans s’est rendu dans un commissariat pour avouer le meurtre de ses trois filles âgées de 4 à 11 ans à Alfortville (Val-de-Marne). Il a notamment évoqué un contexte conflictuel avec son ex-conjointe au sujet de la garde des enfants. Un mois plus tôt, en octobre, un gendarme avait tué ses trois filles avant de se donner la mort, à son domicile de Vémars, dans le Val-d’Oise. Les faits avaient également eu lieu « dans un contexte familial compliqué », d’après le parquet de Pontoise.

En moyenne, un féminicide survient tous les trois jours en France : 118 femmes ont été tuées l’an dernier par leur conjoint ou leur ex-conjoint. Ces drames interviennent souvent dans un contexte de rupture. Au total, 244 300 victimes de violences conjugales, en grande majorité des femmes, ont été recensées par les forces de l’ordre, une hausse de 15 % par rapport à 2021, interprétée par les associations comme le signe d’une meilleure prise en compte de leur parole. Sur les 118 victimes de féminicides, 37 femmes, soit près d’un tiers, avaient déjà subi des violences de la part de leur conjoint ou ex-conjoint avant d’être tuées.

Le Monde avec AFP

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