

Un an après l’assaut du Parlement, des Kényans se réunissent mercredi 25 juin en mémoire de la soixantaine de personnes tuées lors des manifestations de juin 2024. Plus de 80 personnes avaient aussi été enlevées – certaines des mois après les manifestations – et des dizaines d’entre elles sont toujours portées disparues.
Pour rappel, la prise de l’hémicycle du 25 juin 2024 par des milliers de jeunes réclamant la démission du président Ruto avait marqué l’apogée de mois de protestation, durement réprimée par les forces de l’ordre, contre l’augmentation des impôts et la corruption présente dans le pays.
Cette année, le gouvernement Ruto, soucieux de limiter les troubles, s’est efforcé d’éviter toute hausse directe d’impôts dans le budget. Mais, le 8 juin, un enseignant et blogueur de 31 ans, Albert Ojwang, est mort en cellule. Il avait été arrêté la veille à son domicile par des officiers de police pour son activité sur les réseaux sociaux.
Les forces de l’ordre avaient initialement tenté de camoufler son décès en suicide, arguant qu’il s’était cogné la tête contre les murs. L’autopsie a révélé des marques de strangulations, des ecchymoses, un traumatisme crânien… ce qui a amplifié la colère d’une partie de la société civile, descendue dans la rue pour réclamer justice.
Important de « célébrer le 25 juin »
Le 17 juin, dans le centre-ville de Nairobi, quelques centaines de manifestants se sont rassemblés. Lors de ces manifestations, des affrontements ont eu lieu entre les forces de l’ordre et des « voyous » à moto armés de fouets et de bâtons qui s’en sont pris aux protestataires. Un policier a tiré à bout portant sur un vendeur non violent – une scène filmée devenue virale.
Les militants et les familles des personnes tuées l’année dernière ont appelé à une marche commémorative pacifique, exhortant les policiers et les « voyous » à rester chez eux.
« Il est extrêmement important que les jeunes célèbrent le 25 juin, parce qu’ils ont perdu des gens qui leur ressemblent, qui parlent comme eux (…) qui se battent pour la bonne gouvernance », a insisté Angel Mbuthia, présidente d’un mouvement de jeunes du Parti du jubilé (JP, pour Jubilee Party, en anglais), formation d’opposition.
Appeler à la retenue
« Il n’y a rien de bon à célébrer dans les événements de l’année dernière », a à l’inverse estimé l’analyste et avocat Javas Bigambo, qui craint une exploitation de la colère populaire par des partis politiques et militants peu sincères afin que les manifestants s’en prennent à nouveau aux bâtiments gouvernementaux. Il ajoute : « Si nous voulons vraiment commémorer le 25 juin, nous devons le faire dans la solennité, la prière et la retenue. »
Huit diplomates occidentaux ont appelé mardi 24 juin à la retenue lors des commémorations, se disant « préoccupés par le recours à des “voyous” pour infiltrer ou perturber des rassemblements pacifiques ».
« S’abstenir de toute violence »
En juillet 2024, au plus fort des manifestations antigouvernementales, les militants avaient accusé les autorités d’avoir recours à ces éléments violents pour discréditer leur mouvement. « Nous appelons chacun à faciliter les manifestations pacifiques et à s’abstenir de toute violence », ont-ils dit, alors que les médias et réseaux sociaux font état de plans décidés au plus haut niveau de l’Etat pour réprimer les protestataires mercredi.
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Cet appel, signé par les ambassadeurs américains et britanniques, est survenu peu après que le président, William Ruto, a promis aux policiers que son gouvernement les « soutiendrait ». « Personne n’est au-dessus de la loi », a-t-il lancé, avertissant que le recours à la force, aux insultes ou aux menaces contre des policiers constitue une « menace contre [la] nation ».
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #OccupyStateHouse (« Occupons le palais présidentiel ») est très utilisé.