Robert Moracchini, figure historique du milieu corse et cofondateur du gang de La Brise de mer, assassiné à Bastia

| 3 928


C’était l’un des derniers survivants et membres fondateurs de La Brise de mer, un groupe criminel corse ayant marqué, au début des années 1980, la naissance du système mafieux insulaire dont la renommée s’étendait jusqu’en Russie ou en Afrique. Robert Moracchini, né le 6 juin 1959, à La Porta, un village de Haute-Corse, a été tué, samedi 29 mars, vers 8 heures du matin, en sortant de son domicile à Bastia, à deux pas du commissariat.

Selon le procureur de la République, Jean-Philippe Navarre, « la victime a succombé à la suite de plusieurs plaies par balles », dans ce qui semble s’apparenter à un guet-apens.

C’est l’épilogue brutal d’une vie qu’il disait rangée et dont il s’efforçait de faire oublier le parcours mouvementé. Il n’était pas rare, en effet, de le voir, place Saint-Nicolas, à Bastia, devant son tabac, saluer les connaissances dont les visages disaient la fierté de lui faire la bise au su et au vu de tout le monde. Il ne se cachait pas et vantait sa vie d’ascète, ses horaires de « travailleur » consacrés à son commerce, ses locations, l’hôtel de son fils et ses affaires. Au Monde, qui était venu échanger avec lui, en 2024, il défendait rageusement son casier judiciaire vierge et sa volonté de ne plus entendre parler d’un passé dont il tirait pourtant toute sa réputation et un respect craintif.

Génération montante de voyous

Le nom de Robert Moracchini est apparu au grand jour, le 15 septembre 1982, lors de son interpellation au lendemain de l’assassinat de Daniel Ziglioli, patron d’une boîte de nuit sous contrôle d’un clan à l’ancienne, dont les membres vont être peu à peu éliminés, alors que s’impose une génération montante de voyous qui se retrouvent dans un bar du vieux port de Bastia dénommé La Brise de Mer. Aperçu par un policier quelques minutes après le forfait en train de jeter l’arme du crime dans une rivière, il sera finalement acquitté, malgré le dépaysement du procès à Dijon, en mai 1985, à l’instar de ses deux complices et piliers de La Brise, Pierre-Marie Santucci et Georges Seatelli.

Il vous reste 62.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link