
L’annonce par Donald Trump, mercredi 2 avril, d’une hausse des droits de douane frappant les importations aux Etats-Unis peut être jugée brutale, irrationnelle ou contre-productive. Mais au prisme du temps long, cette remontée en flèche des taxes donne surtout l’impression que le président américain entend refermer la parenthèse de la mondialisation.
Les droits de douane américains depuis le « McKinley Tariff » de 1890
Avec la seconde présidence Trump, les Etats-Unis tournent le dos à quatre-vingts ans de libéralisation des échanges commerciaux en dressant à nouveau un mur de taxes douanières.
La crise des années 1930 ayant provoqué de part et d’autre de l’Atlantique des raidissements protectionnistes, aggravant la dépression au point d’affaiblir les démocraties, les vainqueurs de 1945 décidèrent de tourner le dos à cette logique, essayant de construire de grands accords multilatéraux visant à ouvrir les frontières. C’est dans cet esprit qu’est né, en 1947, l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT), ancêtre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui sera créée en 1995.
Dans le même temps, les Etats-Unis nouent des liens commerciaux très étroits avec leurs voisins mexicains et canadiens, donnant naissance à une gigantesque zone de libre-échange, avec la conclusion de l’Accord de libre-échange nord-américain (Alena), en 1994, devenu, en juillet 2020, l’Accord Canada – Etats-Unis – Mexique (Aceum).
La « spirale de Kindleberger »
Entre 1929 et 1933, soit en seulement cinq ans, la guerre commerciale a fini par diviser par trois les échanges mondiaux.
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