Près de 20 000 migrants ont traversé la Manche depuis le 1ᵉʳ janvier, du jamais-vu depuis 2018

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Un gendarme tente de dissuader un groupe d’exilés de faire la traversée avec un bateau de passeurs sur la plage d’Equihen (Nord-Pas-Calais), au bord de la Manche. Le 30 juin 2025. Sameer Al-DOUMY/AFP

Près de 20 000 exilés ont traversé la Manche depuis le 1er janvier 2025, selon des chiffres publiés mardi 1er juillet par le gouvernement britannique. Lundi, 879 migrants sont arrivés au Royaume-Uni après avoir traversé illégalement la Manche, portant le nombre total d’arrivées à 19 982 sur six mois.

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Le nombre de traversées est presque multiplié par deux avec une hausse de 48 % sur cette première moitié de l’année par rapport à 2024. L’année passée, 13 489 personnes ont traversé la Manche. En 2023, ce sont 11 433 migrants qui s’exilent vers le Royaume-Uni entre le 1er janvier et le 1er juillet. Après une baisse en 2023, les traversées illégales ont connu un net rebond au cours 2024, s’élevant à 36 800, et la tendance pour cette année laisse augurer un nombre bien supérieur.

Ces chiffres accentuent encore la pression sur le gouvernement travailliste du premier ministre britannique, Keir Starmer, qui a promis de lutter contre l’immigration illégale et qui fait face à la montée du parti anti-immigration Reform UK. Une loi sur le contrôle des frontières est en cours d’examen au Parlement : elle doit notamment donner davantage de pouvoir aux forces de l’ordre contre les réseaux de passeurs. Le Royaume-Uni a également signé plusieurs accords de coopération avec les pays de départ ou de transit (Irak, Allemagne, Serbie, Kosovo, etc.).

De nouvelles mesures anti-migratoires à venir

En février, la France et le Royaume-Uni ont prolongé jusqu’en 2027 leur traité contre l’immigration clandestine, par lequel les Britanniques financent une partie des contrôles menés côté français. Les gouvernements français et britannique devraient annoncer de nouvelles mesures dans les semaines à venir. Paris envisage, sous la pression de Londres, de modifier la doctrine d’intervention des policiers et gendarmes en mer afin de pouvoir intercepter les « taxi-boats » qui embarquent des migrants directement sur la mer, évitant ainsi les contrôles sur les plages jusqu’à 300 mètres des côtes.

Conformément au droit international de la mer, une fois qu’une embarcation est à l’eau, les autorités ne font que du sauvetage. Des discussions sont aussi en cours pour expérimenter un échange de migrants sous certaines conditions. La plupart des personnes arrivant par petits bateaux viennent d’Afghanistan, de Syrie, d’Erythrée et d’Iran.

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Le verrouillage de la frontière terrestre franco-britannique mis en place par les gouvernements des deux pays a entraîné la baisse des tentatives d’intrusion, passant de plus de 15 000 en 2016 à 127 en 2023. Avec une conséquence : la nette hausse des traversées de la Manche sur les small boats, soit près de 136 000 personnes depuis 2018.

Dix-sept personnes sont mortes en tentant de rallier l’Angleterre par la mer depuis le début de l’année, selon le ministère de l’intérieur français. L’année 2024 avait connu un triste bilan de 78 disparitions de ce type, faisant de la Manche une frontière meurtrière.

Le Monde avec AFP

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