première plainte contre l’Etat et l’établissement pour homicide involontaire et omissions

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Une semaine après l’effondrement du toit de la discothèque Jet Set en République dominicaine, qui a fait 231 morts et quelque 200 blessés, la famille d’une victime a déposé une plainte, mardi 15 avril, pour « homicide involontaire » contre les responsables de la boîte de nuit et pour « omissions dans l’accomplissement de ses devoirs légaux » contre l’Etat. Il s’agit de la première poursuite engagée après le drame.

« Il résulte sans équivoque qu’il y a suffisamment » d’éléments pour accuser les responsables de la discothèque d’homicide involontaire, selon le texte de la plainte déposée au parquet dont l’Agence France-Presse a obtenu une copie. La Jet Set, « qui a cinquante-deux ans, connaissait des fuites, des chutes partielles de morceaux et de poussières du plafond », selon la plainte déposée par la veuve et les parents de Virgilio Rafael Cruz Aponte.

« L’affaiblissement de la structure dû à l’ancienneté, un incendie, des réparations, des infiltrations, des charges indues sur le plafond telles que des entrepôts, des équipements lourds de climatisation », ont également été pointés dans la plainte. La famille de la victime accuse également les responsables d’avoir « fait preuve de négligence en ne réalisant pas une planification adéquate dans (…) la conception de la sécurité, le renforcement des structures et du plafond du bâtiment et n’ont pas respecté les réglementations et normes à cet effet ».

Création d’une commission pour déterminer les causes

L’avocat s’en prend aussi aux autorités : « Les faits décrits ici témoignent d’une chaîne de négligences structurelles et d’omissions de sécurité, attribuables non seulement aux gestionnaires, actionnaires de la discothèque, mais aussi aux institutions publiques. » « Ces institutions, en manquant à leurs devoirs d’inspection, de surveillance et de contrôle, ont violé leurs fonctions légales et ont favorisé un environnement dangereux qui a culminé dans cette tragédie évitable », accuse l’avocat. « L’Etat dominicain peut être poursuivi pour responsabilité civile, tant pour des actes illicites commis par ses agents que pour des omissions dans l’accomplissement de ses devoirs légaux, lorsque ces actions ou omissions causent un dommage aux particuliers », ajoute le texte.

Considérée comme la plus grande tragédie du siècle en République dominicaine, la catastrophe dépasse, pour ce qui est du bilan humain, l’incendie en 2005 d’une prison à Higüey, dans l’est du pays, qui avait coûté la vie à 136 détenus. Le toit de la discothèque s’est effondré le 8 avril à 0 h 44 (6 h 44, à Paris) alors qu’entre 500 et 1 000 personnes assistaient à un concert de la star du merengue Rubby Pérez, morte lors de l’accident. Cent quatre-vingt-neuf personnes ont été secourues.

La présidence a annoncé la création d’une commission d’experts nationaux et internationaux pour déterminer les causes du désastre. Lundi, le président Luis Abinader avait souligné, lors de sa conférence de presse hebdomadaire : « Nous allons respecter le fait que la justice sera rendue comme elle doit l’être. Et vous ne trouverez aucune intervention du gouvernement. » Le président a dit qu’il n’existait pas d’obligation de supervision des travaux de construction privés dans le pays, et reconnu qu’il y avait « un vide dans la loi, que [l’Etat doit] résoudre ».

Le Monde avec AFP

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