
La Russie compense le peu de progrès sur le front par des bombardements contre les civils ukrainiens
Selon le colonel Ants Kiviselg, chef du centre de renseignement des forces de défense estoniennes, cité par la chaîne publique estonienne ERR, les services estoniens estiment que les attaques de drones russes contre l’Ukraine pourraient diminuer en raison de l’aggravation de la situation au Moyen-Orient.
Commentant les attaques russes combinant drones, missiles de croisière et missiles balistiques, il a expliqué qu’elles suivaient un certain schéma récurrent : « En général, la Russie utilise en moyenne 150 drones d’attaque par jour, mais les attaques se font en séries : pendant quatre à cinq jours, 60 à 70 drones sont lancés, puis les forces accumulées sont utilisées pour une frappe de grande ampleur, avec un lancement simultané de 350 à 450 drones. » Cela indique également la capacité approximative de production de drones de type Geran par semaine en Russie.
Pour lui, la Russie a plus fréquemment recours à des attaques dispersées contre diverses cibles, notamment civiles, plutôt qu’à des frappes ciblées sur un seul objectif. « Si auparavant les attaques contre les infrastructures civiles étaient isolées, elles sont désormais devenues systémiques, comme l’attaque contre Kiev dans la nuit du 16 au 17 juin, et celle contre Odessa dans la nuit de jeudi à vendredi. »
Il a ajouté que la réduction des attaques de drones russes est théoriquement possible et pourrait être liée à l’escalade des tensions au Moyen-Orient. « Nous savons qu’Israël a eu l’opportunité de frapper l’usine de drones à Ispahan, en Iran, et que les Ukrainiens ont attaqué à plusieurs reprises l’usine d’Ielabouga, au Tatarstan, où sont également produits des drones pour l’armée russe. »
Ainsi, il est possible que « dans un avenir proche, nous assistions à une certaine baisse de l’intensité d’utilisation des drones. En même temps, nous sommes convaincus que la Fédération de Russie prépare déjà des mesures non seulement pour maintenir, mais aussi pour accroître la production de drones ».
Par ailleurs, le colonel Kiviselg a déclaré que l’offensive d’été de la Russie, en cours depuis deux mois, « a, en réalité, stagné dans l’est de l’Ukraine en raison de la défense acharnée des Ukrainiens, et s’est transformée en combats tactiques dans lesquels les Russes tentent d’avancer malgré de lourdes pertes ». Selon lui, l’intensité des attaques russes reste similaire à celle des semaines précédentes. « On peut dire que les principaux efforts de la Fédération de Russie se concentrent sur le front de Pokrovsk, dans l’oblast de Donetsk, où se déroule la moitié des affrontements. » Concernant la situation dans l’oblast de Soumy, le colonel Kiviselg a relevé que, malgré des succès initiaux et des tentatives constantes, l’offensive y a été globalement stoppée.
Pour le colonel, si les objectifs stratégiques de la Russie n’ont pas changé, elle est incapable d’obtenir une percée sur un quelconque secteur du front, où les forces ukrainiennes parviennent à contenir la pression.