
Il est difficile de concevoir que le bombardement du siège d’un gouvernement en guerre par son ennemi, comme Kiev en a été le théâtre dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 septembre, puisse être le prélude à un arrêt des combats, ou à une rencontre au sommet entre les deux dirigeants concernés. Les fruits de la rencontre américano-russe d’Anchorage, en Alaska, le 15 août, ont bien vite pourri. On n’en fera pas des confitures.
Comme stratège, Donald Trump ne saurait pour l’instant être comparé à son prédécesseur républicain Richard Nixon, qui, en 1972, avait normalisé ses relations avec Pékin pour affaiblir Moscou. Ni avec Ronald Reagan, qui avait contribué à l’affaiblissement irrémédiable de l’URSS en campant sur sa vision stratégique face à Mikhaïl Gorbatchev, à Reykjavik, en 1986.
Pendant que Vladimir Poutine, imperturbable, déchaîne le feu sur l’Ukraine comme jamais, Donald Trump peste et maugrée. Lorsqu’il avait tancé son homologue ukrainien dans le bureau Ovale, le 28 février, le président des Etats-Unis lui avait cruellement fait remarquer qu’il n’avait pas « les cartes ». La façon dont il joue les siennes, ou s’abstient de les jouer, est pourtant, à ce point de cette guerre, la seule clé pour en débloquer le verrou.
Menace de sanctions
Comme en juillet, lorsque Donald Trump se lamentait à propos de conversations téléphoniques totalement improductives avec le maître de Moscou, la menace de sanctions secondaires américaines est de nouveau agitée. Ces sanctions viseraient les pays qui achètent à prix bradés le pétrole russe acheminé par une flotte fantôme. L’Inde en fait déjà les frais, avec des taxes qui se sont ajoutées à celles déjà incluses dans la guerre commerciale planétaire lancée par Washington, qui avait curieusement épargné la Russie.
Le secrétaire au Trésor, Scott Bessent, assure que, si ces sanctions étaient appliquées plus massivement, notamment contre la Chine, l’économie russe s’effondrerait et Vladimir Poutine serait contraint à négocier. Il se trouve que les Européens préparent également un 19e paquet de sanctions. Il prévoit de cibler les différents mécanismes de contournement comme les raffineries, qui permettent de « blanchir » des hydrocarbures russes, dont les produits peuvent être ensuite réexportés vers des pays européens. Une telle synchronisation transatlantique serait de nature à alimenter l’optimisme sans les réserves qui entravent toujours tout ce qui concerne le soutien à l’Ukraine.
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