C’était fin mai, par une suffocante journée de printemps marseillais. Il a surgi de nulle part, le long d’un boulevard, à deux pas du Prado, à 200 mètres du point de rendez-vous fixé par message quelques heures plus tôt. On s’attendait à un cliché vivant, une salopette élimée, un sac à outils passé en bandoulière sur une chemise à carreaux. Mais Hervé (son prénom a été modifié) mérite son surnom de « Passe-Partout » – et pas uniquement pour les talents de serrurier qui ont fait sa renommée au sein de la police marseillaise.
Chemise blanche, pantalon crème, lunettes de soleil, silhouette élancée de sexagénaire entretenu, verbe choisi à peine mâtiné de gouaille locale : en le voyant sur la banquette d’une brasserie avec vue sur mer, on pourrait le prendre pour un patron de discothèque ou de start-up, mais certainement pas pour un expert en crochetage de cadenas, devenu un as de la caméra furtive, l’atout maître des enquêtes sur le narcotrafic. Un « réserviste opérationnel » de la police, dont les confidences, fin 2023, ont jeté une lumière crue sur « Trident », une opération antidrogue qui a tourné à la débâcle.
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