Nadav Lapid, voix discordante du cinéma israélien

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Le 7 octobre 2023, le réalisateur israélien Nadav Lapid était à Paris, où il vit depuis quelques années. Il avait écrit le scénario de son cinquième long-métrage, Oui, l’histoire d’un musicien cynique qui, pour la gloire et l’argent, accepte de composer un nouvel hymne pour l’Etat hébreu, aux accents nationalistes et violents. Comme dans ses précédents films, les derniers en date étant Le Genou d’Ahed (2021) et Synonymes (2019), le cinéaste avait voulu évoquer, par la fiction et avec un regard critique, la société israélienne. Les massacres commis par le Hamas et la guerre à Gaza ont changé la donne.

Cette réalité est entrée dans l’histoire, celle du Proche-Orient comme celle de son film. Oui, dont, par une étrange coïncidence, le tournage a débuté le 7 octobre 2024, est conforme au scénario original. Mais les exactions et les tueries commises un an plus tôt se sont invitées à l’écran. Tout comme les notifications sur les smartphones annonçant des hécatombes. Dans les scènes tournées sur une colline offrant un panorama sur Gaza, on voit la fumée des explosions, on entend les détonations des bombes.

Au fil des mois, le destin du film épouse le chaos en cours. Il est présenté à la Quinzaine des cinéastes à Cannes, le 22 mai, tandis que l’armée israélienne vient de lancer l’opération « Chariots de Gédéon », visant à prendre le contrôle des trois quarts de la bande de Gaza. Tout l’été, alors que diverses ONG évoquent une « famine de masse » dans l’enclave, Oui est projeté lors d’avant-premières en France, en Roumanie, en Allemagne, en Israël…

Un regard féroce sur une société

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