dimanche, décembre 22FRANCE

« Métisse, il m’a fallu du temps pour m’autoriser à me penser noire »

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La première fois que j’ai osé porter mes cheveux crépus au naturel, j’avais 14 ans et j’étais au collège, en 4e. Jusque-là, j’étais toujours allée à l’école avec les cheveux attachés. Je m’attendais à ce que tout le monde soit fier de moi, à ce qu’on me félicite d’avoir assumé cette part de mon identité, mais personne n’a réagi. Ma meilleure copine s’est contentée de me dire que ce n’était « pas très beau ». Je n’ai pas recommencé le lendemain, mais ça reste un moment marquant dans mon évolution. Il m’a en effet fallu du temps pour m’autoriser à me penser noire.

Je suis née métisse, d’un père gabonais et d’une mère française à la peau blanche. J’ai grandi à Castelnaudary [Aude], dans le Sud-Ouest, où il n’y avait pas beaucoup de personnes noires. Enfant, j’ai compris très tôt que j’étais différente, et qu’une partie de mon histoire m’échappait. Je sentais que je devais faire attention à mon comportement car je faisais moins « petite fille fragile » que les autres. J’avais un rejet de ma famille gabonaise car elle me semblait trop différente. En primaire, je me disais que mes cheveux n’étaient pas très jolis, pas très pratiques. La prise de conscience a commencé au collège, notamment après des discussions sur les différences et les discriminations (LGBT, colorisme, etc.) que nous avons eues dans le cadre d’un cours de SVT. J’ai aussi découvert le mouvement Nappy sur Instagram qui défend la beauté des cheveux crépus.

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