

L’île de Mayotte est passée en phase d’épidémie pour le chikungunya, avec une accentuation marquée de cette maladie virale transmise par les piqûres de moustiques infectés, ont annoncé, lundi 2 juin, les autorités sanitaires, qui insistent sur une intensification des mesures de riposte.
« Depuis le 26 mai, Mayotte est passée en phase épidémique (phase 3 du plan Orsec Arboviroses, correspondant à une épidémie de faible intensité). Cette évolution du niveau d’alerte fait suite à une accélération marquée de la transmission du virus chikungunya sur l’ensemble du territoire, avec un nombre de cas confirmés en constante augmentation depuis plusieurs semaines », a fait savoir Santé publique France (SPF) dans son nouveau bulletin.
Depuis le début de l’année 2025, 560 cas confirmés de chikungunya ont été signalés à Mayotte, dont 204 lors de la seule semaine du 19 au 25 mai, soit une augmentation de 42 % en sept jours, selon des données provisoires. Mais « la situation réelle pourrait être largement sous-estimée », selon SPF. Non seulement les tests de confirmation biologique restent suspendus aux urgences, sous une « pression persistante (…) préoccupante », mais « le recours aux soins demeure partiel pour une partie de la population, notamment dans les zones les plus isolées ou précaires », selon son diagnostic.
Campagne de vaccination
Depuis la détection du premier cas confirmé, 15 personnes ont été hospitalisées, dont huit femmes enceintes pour surveillance et cinq bébés de moins d’un an, mais il n’y a eu aucune admission en réanimation et aucun décès. Si le virus du chikungunya circule sur la totalité du territoire de Mayotte, l’agence sanitaire publique a noté une concentration persistante des cas dans les communes de Mamoudzou, la plus touchée jusqu’ici, Pamandzi et Dzaoudzi.

Devant la « probabilité élevée » d’une épidémie susceptible de saturer un système de santé fragilisé, le ministère de la santé a prévu l’organisation d’une campagne de vaccination pour certains adultes à risque, gravée dans un arrêté publié mercredi 28 mai au Journal officiel. Cette campagne, avec le seul produit autorisé pour l’instant, Ixchiq (Valneva), sera ciblée sur les personnes âgées de 18 à 64 ans présentant au moins une comorbidité et tiendra compte des spécificités de santé mahoraises, notamment des comorbidités à des stades avancés en nombre important.
Mayotte a déjà subi plusieurs crises de santé publique en 2024, dont une épidémie de choléra, puis les conséquences du passage du cyclone Chido. Et la population du département, le plus pauvre de France, est souvent en mauvaise santé.
Une épidémie de chikungunya frappe depuis plusieurs mois un autre département d’outre-mer, La Réunion, située à quelque 1 500 kilomètres de Mayotte. Plusieurs dizaines de milliers de cas et douze décès y ont été recensés.