

Pendant le dîner donné à l’Elysée, mardi 27 février, l’émir du Qatar, Tamim Ben Hamad Al Thani, a dénoncé le « génocide » en cours, selon lui, dans la bande de Gaza. La guerre entre Israël et le Hamas, après les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023, a constitué la toile de fond de la première visite d’Etat du dirigeant quatari en France depuis son arrivée au pouvoir en 2013. En tentant d’approfondir les relations avec ce pays, intermédiaire incontournable entre Israël et le Hamas, Emmanuel Macron cherche à accroître sa capacité de peser au Proche-Orient.
Dans une déclaration commune, les deux hommes ont appelé à un « cessez-le-feu immédiat et durable », tout en rappelant leur « opposition à une offensive contre Rafah », dont le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou brandit régulièrement la menace. Ils ont aussi évoqué le sort des otages toujours détenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, dont trois Franco-Israéliens, alors que les négociations, menées sous l’égide du Qatar, se poursuivent en vue de leur libération et d’une trêve dans les combats.
Les deux pays ont signé une déclaration d’intention en matière de coopération humanitaire, notamment à Gaza, dont un engagement conjoint de 200 millions d’euros en faveur des Palestiniens. Ce financement intervient au moment où l’agence de l’ONU chargée des réfugiés – l’UNRWA – est fragilisée par la suspension des financements de ses principaux donateurs, Etats-Unis en tête, après qu’Israël a accusé douze de ses agents d’avoir participé à l’attaque du 7 octobre 2023. La France et le Qatar ont aussi affrété une aide humanitaire et médicale vers El-Arich, le port égyptien proche de Rafah, comprenant 75 tonnes de fret, dix ambulances, des rations alimentaires ainsi que près de 300 tentes familiales.
Paris espère que Doha amplifiera son soutien au forces armées libanaises, susceptibles d’être déployées dans la zone tampon du sud du Liban, dans l’optique d’un retrait des miliciens du Hezbollah de cette zone. Une manière de dissuader Israël de s’attaquer au Liban, afin d’affaiblir le mouvement proche de l’Iran et d’éviter une guerre régionale. Aucune annonce définitive n’a été faite. Mais dans leur déclaration commune, les deux Etats se disent « disposés à poursuivre leur soutien aux forces armées libanaises, notamment à travers l’organisation d’une conférence internationale à Paris », dont la date n’est pas précisée.
Une « relation bel et bien relancée »
« Un soutien supplémentaire du Qatar aux forces armées libanaises n’est pas à exclure, le Qatar est le seul pays du Golfe qui a accepté de soutenir le Liban », dit Cinzia Bianco, spécialiste du Golfe au Conseil européen sur les relations étrangères. Pour elle, si le bilan diplomatique de la visite est modeste, dans un contexte de blocage persistant des négociations sur une trève, « la relation entre la France et le Qatar est bel et bien relancée ».
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