l’opposition appelle à la mobilisation

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Des manifestants participent à une protestation contre la victoire contestée de Nicolas Maduro aux élections présidentielles vénézuéliennes lors d’une veillée à Cali, en Colombie, le 31 juillet 2024.

La cheffe de l’opposition vénézuélienne, Maria Corina Machado, a appelé, jeudi 1er août, à la mobilisation contre le pouvoir de Nicolas Maduro, dont la réélection à la présidence du pays est contestée dans la rue.

« Nous avons proposé au régime d’accepter démocratiquement sa défaite (…) mais il a choisi la voie de la répression, de la violence et du mensonge. Il nous appartient maintenant à tous de faire valoir la vérité. Mobilisons-nous », a écrit Mme Machado dans un message publié sur X.

Jusqu’à présent, l’opposition n’avait jamais appelé à manifester. Son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, avait même estimé lundi que les « manifestations » du jour ne contribuaient pas à « l’objectif ». Mais les déclarations de Nicolas Maduro ont montré qu’il n’entendait pas céder le pouvoir, et l’opposition – qui comptait sur la pression internationale – a changé de stratégie.

Mercredi, M. Maduro a menacé d’emprisonner les deux chefs de l’opposition, jurant que ses adversaires n’arriveraient « jamais au pouvoir ». « M. Gonzalez Urrutia, montrez votre visage, sortez de votre cachette, ne soyez pas lâche, Mme Machado (…), vous avez du sang sur les mains », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse avec des correspondants étrangers, la première depuis presque deux ans, au palais présidentiel de Miraflores.

« Fraude massive »

Héritier du leader socialiste et bolivarien Hugo Chavez, M. Maduro, 61 ans, au pouvoir depuis 2013, a été proclamé réélu pour un troisième mandat jusqu’en 2031, à l’issue du scrutin de dimanche remporté avec 51,2 % des voix, contre 44,2 % à son adversaire, selon les résultats officiels.

La cheffe de l’opposition, Mme Machado, déclarée inéligible, avait été remplacée au pied levé par M. Gonzalez Urrutia. Tous deux sont à la pointe du mouvement de contestation du scrutin, alors que l’opposition dénonce dans la rue une « fraude massive ».

Ils affirment détenir les preuves de la victoire de leur candidat et ont demandé au Conseil national électoral (CNE) de publier le détail du vote, tout en exigeant que les bulletins soient recomptés de manière transparente.

Depuis lundi, au moins 11 civils ont été tués au cours des manifestations, selon des ONG. Les autorités ont fait état d’un douzième mort, un soldat tué par balle. Selon le parquet, 77 fonctionnaires ont été blessés et plus de 1 000 personnes, interpellées. Mme Machado a parlé mercredi d’un nouveau bilan de « 16 meurtres » et « 11 disparitions forcées » notamment.

« Bain de sang »

Le secrétaire général de l’Organisation des Etats américains (OEA), Luis Almagro, a, pour sa part, déclaré qu’il allait demander à la Cour pénale internationale de mettre en accusation le président Nicolas Maduro et d’émettre un mandat d’arrêt à son encontre pour le « bain de sang » au Venezuela, lors des manifestations meurtrières contre sa réélection.

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« Maduro a promis un bain de sang (…) et il le fait. C’est le moment pour la Cour pénale internationale de présenter des actes d’accusation et des mandats d’arrêt contre les principaux responsables, y compris Maduro », a écrit le secrétaire général de l’OEA sur X, mercredi soir.

Mercredi, à l’appel du pouvoir, des centaines de partisans de M. Maduro sont descendus dans la rue pour rallier le palais présidentiel de Caracas. Plus tôt dans la journée, Nicolas Maduro s’était dit « prêt à publier 100 % » des pièces justifiant de sa réélection.

« Décompte transparent »

Le G7 a appelé Caracas à « publier en pleine transparence les résultats électoraux détaillés », tandis que le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a appelé à « mettre fin à la répression et à la rhétorique violente » contre l’opposition.

Plusieurs ONG, dont Amnesty International, ont dénoncé dans un communiqué commun « l’usage disproportionné de la force par les forces de sécurité vénézuéliennes » et exigé des autorités qu’elles « respectent et garantissent la liberté d’expression et de réunion pacifique ».

Lors d’un discours devant l’OEA, le chef de la diplomatie américaine pour l’Amérique latine, Brian Nichols, a déclaré que Edmundo Gonzalez Urrutia avait « clairement » battu Nicolas Maduro, affirmant que l’écart se comptait même en « millions de voix ».

Dans la région, le président colombien Gustavo Petro, qui a pourtant renoué les liens ces deux dernières années avec le Venezuela chaviste, a, lui aussi, exprimé de « sérieux doutes » sur les résultats et demandé un « décompte transparent » des voix et des procès-verbaux.

Réexamen complet des résultats

La Colombie, le Brésil et le Mexique échangent actuellement pour « créer les conditions nécessaires » au retour de « la paix » au Venezuela, a déclaré mercredi Bogota. Neuf pays d’Amérique latine ont déjà appelé ensemble à un « réexamen complet des [des résultats] avec la présence d’observateurs électoraux indépendants ».

En représailles, le Venezuela a retiré son personnel diplomatique de sept de ces Etats et rompu ses relations avec le Pérou, qui a reconnu le candidat d’opposition comme étant président « légitime ».

Buenos Aires a appelé mercredi à la solidarité de la communauté internationale pour protéger six opposants vénézuéliens bénéficiant de l’asile dans l’ambassade argentine de Caracas, dont les diplomates doivent quitter le pays.

Le Venezuela, longtemps une des nations les plus riches d’Amérique latine, est exsangue, empêtré dans une crise sans précédent : effondrement de la production pétrolière, PIB réduit de 80 % en dix ans, pauvreté et systèmes de santé et éducatif délabrés. Plus de sept millions de Vénézuéliens ont fui leur pays.

Le Monde avec AFP

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