l’opposant Tufan Erhürman élu à la présidence

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Tufan Erhurman, président du Parti turc républicain, et son épouse Nilden Bektas dans un bureau de vote de Nicosie, le 19 octobre 2025.

Les électeurs de la République turque de Chypre-Nord (RTCN), reconnue seulement par la Turquie, ont infligé, dimanche 19 octobre, un revers à Ankara en désignant Tufan Erhürman à la présidence.

Le candidat de l’opposition âgé de 55 ans l’a remporté avec 62,76 % des voix contre 35,81 % pour le président sortant, Ersin Tatar, qui était soutenu par son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, selon les résultats annoncés dans la soirée soir par le Haut conseil électoral chypriote turc. La participation a été de 64,87 %.

Le chef de l’Etat turc a néanmoins rapidement adressé ses félicitations au vainqueur, disant « espérer que ces élections, qui démontrent une fois de plus la maturité démocratique de la République turque de Chypre du Nord (…) seront bénéfiques pour nos pays et notre région ».

Avocat de profession né à Nicosie et formé à l’université d’Ankara, Tufan Erhürman, qui est à la tête du Parti turc républicain (CTP, social-démocrate), souhaite relancer les négociations en vue d’une réunification de Chypre dans le cadre d’un Etat fédéral. Ersin Tatar plaidait, lui, pour une solution à deux Etats.

« Il n’y a pas de perdant dans cette élection. Nous, le peuple chypriote turc, avons gagné ensemble », a-t-il aussitôt affirmé. « J’exercerai mes responsabilités, notamment en matière de politique étrangère, en concertation avec la République de Turquie. Que personne ne s’inquiète. »

« Défendre les intérêts » de la RTCN

Dans un message diffusé sur X, M. Erdogan promet que la Turquie « continuera de défendre les droits et les intérêts souverains de la RTCN ».

« En tant que mère patrie et pays garant, nous continuerons toujours à soutenir la RTCN et les Chypriotes turcs », a également affirmé le vice-président turc, Cevdet Yilmaz.

En revanche, l’allié nationaliste du président Erdogan, Devlet Bahçeli, président du Parti d’action nationaliste (MHP), a appelé le Parlement chypriote turc à rejeter le scrutin. « Le Parlement de la RTCN doit se réunir d’urgence, déclarer les résultats du scrutin et le retour à la fédération inacceptables et voter en faveur de l’adhésion à la République de Turquie », a-t-il déclaré selon ses propos rapportés sur X par le vice-président du mouvement, Ismail Özdemir.

L’opposition turque a salué avec enthousiasme la victoire de M. Erhürman, estimant que « le peuple chypriote turc (…) a réagi à l’ingérence extérieure dans la démocratie ».

« Espérons que ceux qui, à Ankara, (…) recourent à toutes sortes de propagandes pour assurer la victoire de leur candidat et qui font ce soir connaître leur dégoût face aux résultats des élections ont bien compris le message des Chypriotes turcs », a réagi Özgür Özel, chef de file du principal parti de l’opposition turque.

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Le ministère turc des affaires étrangères a, de son côté, souhaité que cette élection soit « bénéfique pour le peuple chypriote turc et à l’île tout entière ». Il promet, dans un communiqué, que la Turquie « continuera de contribuer aux efforts pour la paix ».

M. Erhürman s’est impliqué dans les négociations en vue de résoudre le différend chypriote sous la présidence de Mehmet Ali Talat, entre 2008 et 2010. Il a été Premier ministre de la RTCN de février 2018 à mai 2019. La RTCN occupe moins d’un tiers de l’île méditerranéenne.

Elle a proclamé son indépendance le 15 novembre 1983, neuf ans après l’intervention militaire turque de 1974, en réaction à la tentative de rattachement de Chypre à la Grèce par un groupe d’officiers putschistes.

Le Monde avec AFP

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