

Un peu dépité, Nicolas Bessone secoue doucement la tête face aux sénateurs qui l’interrogent sur l’importance de la corruption en prison, le 5 mars 2024, dans le cadre de la commission d’enquête sur le narcotrafic. « Sur cette corruption de basse intensité, il faut être clair, la bataille est perdue, assène le procureur de Marseille d’un ton las. On sait que drogues et téléphones mobiles rentrent tout à fait facilement. »
De fait, en prison, les délinquants se trouvent parfois des deux côtés des barreaux, et l’agent chargé de veiller sur les détenus peut finir par devenir un des leurs pour avoir été un peu trop serviable avec eux. Le constat d’échec retentissant formulé par le procureur de Marseille en mars 2024 n’a cessé de se vérifier, depuis, dans les tribunaux.
Une semaine après cette prise de parole, six surveillants du centre pénitentiaire de Réau (Seine-et-Marne) étaient mis en examen, soupçonnés d’y avoir introduit des portables et du cannabis, mais aussi de l’alcool et du parfum. Un mois plus tard, en avril 2024, un gardien du centre pénitentiaire de Nantes (Loire-Atlantique) était condamné à vingt-quatre mois de prison, dont douze ferme : il dissimulait plaquettes de cannabis dans des paquets de café et vodka dans les bouteilles d’eau minérale, pour déjouer l’obligation de circuler avec des sacs transparents dans l’enceinte de la prison.
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