« L’Inflation Reduction Act (IRA) ne présente pas de risques de sécurité économique importants pour l’Union européenne »

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L’Inflation Reduction Act (IRA), voté aux Etats-Unis il y a un an, a suscité beaucoup d’inquiétudes en Europe. Ce programme ambitieux en faveur du climat et du développement des industries vertes est bienvenu, mais son contenu protectionniste paraît menaçant pour l’économie européenne.

En réservant explicitement les aides publiques à la production locale, c’est-à-dire en promouvant le « made in USA » en violation des principes de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), il fait craindre des délocalisations d’entreprises européennes vers les Etats-Unis, voire une course aux subventions entre Etats qui pourrait rendre encore plus coûteuse la transition verte.

Quelle doit être la réponse européenne ? Pour éclairer le débat, le Conseil des experts économiques franco-allemands a examiné en détail ce programme américain et évalué ses impacts économiques.

Si les craintes d’un choc économique doivent être dissipées, l’IRA nous rappelle l’ampleur du défi industriel que représente la décarbonation de nos économies. Une réponse coordonnée, qui pousse les programmes européens plus vite et plus loin, et qui investit dans une transition énergétique rapide fondée sur les renouvelables, mais aussi sur un soutien mutuel du nucléaire français et de l’hydrogène allemand, nous paraît la meilleure stratégie.

Eviter une guerre industrielle

Notre premier constat est que l’importance de l’IRA doit être relativisée. Le coût total de l’IRA, estimé dans une fourchette large allant de 390 à 900 milliards de dollars (environ 365 à 844 milliards d’euros) pour la période 2023-2031, est comparable au volume financier global des divers programmes déjà lancés par l’Union européenne (UE) pour atteindre les objectifs climatiques et faciliter la transition verte. En outre, nos estimations indiquent que les subventions accordées dans le cadre de l’IRA ne devraient avoir qu’un impact macroéconomique global minime, tant aux Etats-Unis que dans l’UE. Dans ce contexte, il convient d’éviter une guerre industrielle ouverte aussi bien avec les Etats-Unis qu’au sein de l’UE.

Néanmoins, ce nouveau cadre pourrait inciter certaines industries à davantage investir aux Etats-Unis plutôt que dans l’UE ; c’est pourquoi nous avons conduit un examen plus approfondi à un niveau sectoriel.

S’agissant de la production des véhicules électriques notamment, l’expansion du marché américain ne devrait pas détourner massivement la demande ou la production de l’Europe, qui restera, en 2030, un marché de vente plus important que celui des Etats-Unis. Le marché automobile se caractérise en effet par un aspect continental où les frais de transport et les droits de douane incitent largement à une implantation locale des sites de production. Plus généralement, l’IRA ne présente pas de risques de sécurité économique importants pour l’UE.

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