« L’idée de recourir à la contraception masculine m’est venue progressivement, car il est injuste que toute la charge mentale et les risques reposent sur les femmes »

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La première fois que j’ai voulu avoir recours à la contraception masculine, j’avais 19 ans et j’étais en première année de fac, en Bretagne. Pour me renseigner, j’ai rendu visite à un urologue, qui était assez jeune. Lorsque je lui ai parlé de mon idée, il m’a répondu violemment que ce n’était pas à moi de le faire, que c’était un truc de femmes. Cela a arrêté là ma réflexion. C’est dur de remettre en cause l’autorité du corps médical.

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Jusqu’à mes 23 ans, le projet est resté en suspens. Chez mes partenaires féminines et dans mon entourage, la pilule était omniprésente. Puis, peu à peu, la contraception masculine est arrivée dans la discussion. J’en parlais de plus en plus, jusqu’à ce que ma partenaire de l’époque m’encourage à sauter le pas. En 2022, je suis allé faire un spermogramme, pour suivre ma production de spermatozoïdes et vérifier qu’il n’y ait pas de contre-indication, puis j’ai commencé à mettre l’anneau contraceptif. Le principe est simple : quinze heures par jour, l’anneau remonte les testicules dans le bas-ventre et la température naturelle du corps endort la production de spermatozoïdes. Au bout de plusieurs mois et des vérifications régulières, j’étais stérile.

L’idée de me « contracepter » est venue très progressivement. Au lycée, ma première copine a dû avorter. Je n’ai pas réalisé immédiatement toute la violence psychologique que cela impliquait. Je l’ai compris plus tard, au fil des rencontres et des conversations avec mon entourage, à l’université. Je pense que ça a été un premier déclic.

« Des spermogrammes tous les trois mois »

Plus généralement, les nombreuses discussions avec mes amies m’ont permis de comprendre à quel point il est injuste que toute la charge mentale et les risques liés à la contraception reposent sur les femmes. Nombre d’entre elles ont connu des galères. Certaines ont dû avorter très jeune, d’autres ont eu des infections avec leurs implants ou sont allées consulter des psychologues à cause des effets secondaires de la pilule. Cela m’a poussé à me renseigner.

Il y a une vraie méconnaissance de la contraception masculine. Lorsque, pour la seconde fois, j’ai souhaité obtenir une ordonnance pour faire un spermogramme, j’ai pris rendez-vous avec le médecin de la famille, dans un petit village près de Montpellier. Cette fois, je voulais vraiment être en confiance. Quand j’ai évoqué l’idée de recourir à la contraception masculine, mon médecin ne savait pas du tout de quoi il s’agissait. On a fini tous les deux derrière son ordinateur, à se renseigner ensemble. Il ne m’a pas jugé et a été plutôt ouvert. Il posait plein de questions. Je crois même que ça l’a fait rire.

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