l’histoire éminemment politique de la « GM »

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Livre. On les surnomme les « moblots », et leur tenue caparaçonnée – casque, épaulières et jambières articulées – est reconnaissable entre toutes, même si on les confond parfois avec les CRS, leurs homologues de la police nationale. Les gendarmes mobiles appartiennent à une institution fondée en 1921 dans un but particulier : remplacer l’armée et les policiers, jugés trop répressifs, dans la police des foules. L’idée de confier cette mission à un corps spécialisé était évoquée dès la fin du XIXe siècle, lorsqu’il était apparu manifeste que les militaires, contrairement à une idée répandue, répugnaient à intervenir dans la répression des conflits sociaux.

L’histoire méconnue de la « GM », la gendarmerie mobile, fait enfin l’objet d’une étude rigoureuse, et l’ouvrage, dirigé par Edouard Ebel, Laurent Lopez et Jean-Noël Luc, Gendarmerie mobile et maintien de l’ordre (Sorbonne Université presses, 451 pages, 28 euros), en exhume les racines éminemment politiques.

D’abord organisés en pelotons mobiles puis en garde républicaine mobile puis en gendarmerie mobile en 1954, ses effectifs n’échapperont à aucune attaque : « garde prétorienne » à la solde du patronat dans la presse communiste d’avant-guerre, serviteurs zélés de la « Gueuse » – la République – d’après les ligues d’extrême droite à la même époque, « miliciens gaullistes » vilipendés par l’Organisation armée secrète (OAS), combattue avec acharnement pendant les « événements » d’Algérie, ils feront aussi l’objet d’une « aversion généralisée » à la Libération en raison de leur implication dans la lutte contre les maquis et la « rareté des actes de dissidence », observe Jean-Noël Luc.

Répression de grévistes

Il faudra de longues années pour faire oublier ce souvenir. En métropole, du moins, où la GM s’impose comme une force professionnalisée capable d’opposer une riposte graduée et de tenir à distance les éléments violents d’une manifestation. Il en va autrement dans les territoires d’outre-mer entendus au sens large, où elle appuie l’entreprise coloniale, comme en Tunisie et au Maroc, usant d’une violence fort régulée lorsqu’elle trouve à s’exercer contre les colons et beaucoup plus rarement lorsque les protestataires autochtones en sont la cible. Plus tard, en mai 1967 notamment, elle sera accusée d’exactions au cours de la répression des grévistes à la Guadeloupe.

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