L’Europe crée des couloirs militaires vers l’Est

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Un militaire de la première brigade présidentielle Bureviy (ouragan) de la Garde nationale d’Ukraine sur une ligne de front, près de la ville de Kreminna (Ukraine), le 6 février 2024.

Partir plus vite à la guerre. Le 30 janvier, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne ont signé un accord destiné à permettre de déplacer « plus rapidement et plus efficacement » des hommes et du matériel depuis les ports en eau profonde de la mer du Nord jusqu’aux frontières orientales de l’Europe. « La guerre à grande échelle qui se déroule en Ukraine montre l’importance du déplacement rapide des troupes alliées », a justifié le ministre polonais de la défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, lors de la signature du texte.

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Parent pauvre des budgets de défense depuis la fin de la guerre froide, la logistique est redevenue une priorité aux yeux des membres de l’Alliance atlantique, alors que la menace russe se fait sans cesse plus précise. « La première prise de conscience date de 2015, après l’annexion de la Crimée et du Donbass, mais elle s’est accélérée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022 », assure Isabelle Dufour, directrice des études stratégiques à Eurocrise.

De fait, le conflit en Ukraine a mis en lumière le retard pris par les Occidentaux en matière de « mobilité militaire ». Mis à jour régulièrement par l’OTAN durant la guerre froide, les plans permettant de faire transiter d’importants moyens à travers l’Europe sont devenus pour partie obsolètes – ils n’avaient pas été révisés depuis 1997 –, tandis que la chute du mur de Berlin a fait reculer de plus de 1 000 kilomètres la frontière à défendre, qui s’étire aujourd’hui de Tallinn (Estonie) jusqu’à Chisinau (Moldavie). « Les élongations sont aujourd’hui plus importantes et les routes ne sont plus connues », résume Mme Dufour.

Simplifier et harmoniser les normes

Pour rattraper leur retard, les alliés se sont lancés dans d’importants travaux d’infrastructures. Le 24 janvier, la Commission européenne a annoncé l’octroi d’une nouvelle aide de 807 millions d’euros pour financer 38 projets de « mobilité militaire », notamment la rénovation d’installations ferroviaires dans dix pays de l’Union. En France, la SNCF devrait ainsi toucher 54,3 millions pour rénover quatre gares de triage à usage civil et militaire, et 3,6 millions pour protéger les gares de Bordeaux, de Metz et de Grenoble contre les « coupures de courant massives ».

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Outre les installations ferroviaires, « les projets amélioreront les infrastructures à double usage [civil et militaire] dans les ports maritimes en Belgique et en Suède, les aéroports en Lettonie et en Lituanie, et les voies navigables intérieures en France », souligne la Commission. Au total, Bruxelles a prévu de dépenser 1,7 milliard d’euros sur la période 2021-2027 pour doper ses infrastructures militaires de transport. Un chiffre conséquent, mais inférieur à ce qui était prévu au lancement du plan : en 2020, le besoin était estimé à 6,5 milliards d’euros, mais les pays membres avaient préféré reporter l’essentiel des investissements…

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