Les violences contre les enfants en zones de conflit à des niveaux « sans précédent » en 2024, alerte l’ONU

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Des jouets ayant appartenu aux enfants du Palestinien Wissam Wishah, – Saïd, Salma et Eline –, tués lors de frappes israéliennes, sont suspendus à une corde à linge sur les décombres de leur maison, dans le camp de réfugiés d’Al-Bureij, dans le centre de la bande de Gaza, le 1ᵉʳ mai 2025.

Gaza, République démocratique du Congo (RDC), Haïti… Les violences contre les enfants en zones de conflit ont atteint des niveaux « sans précédent » en 2024, dénonce jeudi 19 juin un rapport annuel de l’ONU.

« En 2024, la violence contre les enfants lors des conflits armés a atteint des niveaux sans précédent, avec une hausse sidérante de 25 % des violations graves par rapport à 2023 », affirme le rapport du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres.

L’ONU a « vérifié » 41 370 graves violations contre des enfants en 2024, dont 36 221 commises en 2024 et 5 149 commises précédemment mais confirmées en 2024, ce qui constitue le nombre le plus élevé depuis la mise en place de cet outil de surveillance il y a près de trente ans. Un record qui bat celui enregistré en 2023, qui lui-même représentait une hausse de 21 % par rapport à l’année précédente.

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Avec notamment plus de 4 500 tués et plus de 7 000 blessés, les enfants continuent « de faire les frais des hostilités incessantes » à travers la planète, déplore l’ONU. En raison d’une hausse marquante du nombre d’enfants victimes de multiples violations, le nombre d’enfants concernés par ces violences atteint 22 495. « Les cris de ces 22 495 enfants innocents qui auraient dû apprendre à lire ou jouer au ballon, mais au lieu de ça ont été obligés d’apprendre à survivre aux tirs et aux bombardements, devraient tous nous empêcher de dormir, a lancé dans un communiqué Virginia Gamba, représentante spéciale de l’ONU sur ce dossier. Cela doit servir de signal d’alarme. Nous sommes au point de non-retour. »

Plus de 8 500 violations graves dans les territoires palestiniens

Chaque année, l’ONU répertorie dans ce rapport les violations des droits des enfants (moins de 18 ans) dans une vingtaine de zones de conflit dans le monde et dresse en annexe la « liste de la honte » des responsables de ces violations qui incluent enfants tués et mutilés, recrutements, enlèvements, refus d’accès humanitaire ou violences sexuelles.

Les forces armées et de sécurité israéliennes, qui avaient été inscrites sur la liste l’an dernier, avec le Hamas, y sont toujours.

Les territoires palestiniens occupent d’ailleurs la première place de ce triste classement, avec plus de 8 500 violations graves en très grande majorité attribuées aux forces israéliennes, dont plus de 4 800 à Gaza. Cela inclut 1 259 enfants palestiniens tués à Gaza, selon les chiffres confirmés par l’ONU qui déclare être en train de vérifier des informations sur 4 470 enfants supplémentaires tués en 2024 dans le territoire palestinien ravagé par la guerre provoquée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023.

Le rapport met également en cause les opérations de l’Etat hébreu au Liban, où plus de 500 enfants ont été tués ou blessés par l’armée israélienne l’an dernier.

Des gangs opérant en Haïti ajoutés à la « liste de la honte »

Après les territoires palestiniens, la RDC (plus de 4 000 violations graves), la Somalie (plus de 2 500), le Nigeria (près de 2 500) et Haïti (plus de 2 200) ont enregistré le plus de violences contre les enfants en 2024.

En Haïti, où ces violations ont augmenté de 490 % en un an, la principale coalition de gangs, « Viv Ansanm » (Vivre ensemble), a été ajoutée sur la « liste de la honte », pour le recrutement d’enfants, les meurtres ou encore les viols collectifs. Une première qui vise « probablement le plus brutal » des gangs qui ravagent le pays, a commenté un responsable onusien.

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Nouveau sur la liste également, le cartel colombien Clan del Golfo accusé d’enrôler des enfants. La Colombie enregistre plus généralement une hausse importante des cas de recrutements forcés, avec 450 enfants en 2024 contre 262 l’année précédente.

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Sont d’autre part toujours sur « la liste de la honte » l’armée soudanaise et les paramilitaires des Forces de soutien rapide qui s’affrontent au Soudan depuis plus de deux ans, ainsi que l’armée russe pour ses actions en Ukraine où le rapport enregistre une hausse de 105 % des violations graves entre 2023 et 2024.

Le Monde avec AFP

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