
Ils ne s’étaient jamais exprimés tous ensemble en même temps sur la question. Craignant de montrer un front trop rigide sur un sujet de société clivant. Mardi 23 janvier, pourtant, les responsables des principales religions en France se sont donné rendez-vous pour prendre la parole tous ensemble et en même temps sur la fin de vie.
C’est dans la salle du conseil d’administration de l’université Paris-Cité, ornée de tableaux et de tapisseries vantant le soin et la santé, qu’ils ont reparlé du livre auquel ils ont tous participé pour alimenter la réflexion sur la fin de vie. Sorti peu après les attentats du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Religions et fin de vie (Fayard, 2023), ouvrage coordonné par Laetitia Atlani-Duault, réunit les points de vue des principaux représentants des religions en France sur le sujet. Mais le déclenchement de la guerre au Proche-Orient l’a complètement occulté. Ce début d’année était donc une occasion parfaite de se faire entendre en reparlant de l’ouvrage.
Mardi, ils ont été plusieurs à exprimer leur réticence, sinon leur franche opposition à un projet de loi facilitant l’aide active à mourir. « Nous sommes très prudents sur la nécessité d’une loi. La loi Claeys-Leonetti répondait à beaucoup de nécessités, l’enjeu est de la faire vivre davantage », a ainsi affirmé Eric de Moulins-Beaufort, archevêque de Reims et président de la conférence des évêques de France.
De son côté, le grand rabbin Haïm Korsia n’a pas non plus caché sa franche opposition à un nouveau texte allant plus loin que la législation déjà existante. « Le grand principe, c’est d’abord soigner, s’occuper… Ce serait tragique de se dire qu’on rentre dans un monde où tuer devient un soin. On va rompre avec un système qui dit qu’on ne peut pas donner la mort. » Pour lui, ce dernier point représente même une « rupture anthropologique » car désormais, « on peut dire : “on peut tuer” ».
Développer les soins palliatifs
Une opposition claire partagée aussi par Chems-Eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, qui a mis l’accent sur la souffrance des personnes en fin de vie, persuadées d’être, selon lui, un poids pour les autres et pour la société. « Il faut renforcer aujourd’hui cette chaleur humaine qui manque aux hôpitaux. J’ai proposé que la présence des aumôniers soit plus forte et que le contact avec la famille soit plus simple afin que la personne décide en conscience », a-t-il expliqué. Quelques minutes avant, il avait aussi été le seul à appuyer sa démonstration sur un argument religieux : « Dieu donne la vie et décide quand il la reprend. »
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