« Les librairies deviennent les réceptacles de tous les débordements idéologiques. Or elles doivent demeurer des refuges pour le savoir et la création »

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Des vitrines brisées ou taguées à l’acide à Paris, Lille, Rennes, Périgueux, Nantes, Lyon, Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) ou encore à Marseille. Des libraires injuriés ou menacés dans la capitale, à Nice, à Vincennes (Val-de-Marne) comme en Ardèche. Des débats ou des rencontres avec des écrivains entravés ou empêchés à Bordeaux, Strasbourg ou Bruxelles…

Les librairies sont de plus en plus régulièrement les cibles de campagnes de dénigrement ou de cyberharcèlement particulièrement violentes allant jusqu’à des dégradations ou des menaces physiques, de la part de groupuscules ou d’individus se réclamant d’idéologies extrémistes. De telles agressions ne peuvent que nous interpeller et nous devons refuser leur banalisation.

Ces manifestations de violence, motivées par le seul fait que certains livres sont vendus, présentés ou débattus avec leurs auteurs en librairie, sont inacceptables. Elles n’ont d’autres buts que de provoquer de la peur et d’induire une forme d’autocensure au sein de librairies dont l’une des principales raisons d’exister est précisément de permettre l’exposition de débats qui traversent notre monde et nos sociétés.

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Si cette pluralité déplaît à certains, elle demeure non négociable tant elle apparaît indispensable à la réflexion, aux débats et à la nécessaire compréhension d’un monde complexe, incompatible avec des visions univoques, voire sectaires, qui rejettent la contradiction comme l’altérité.

Liberté d’expression des créateurs

Jusqu’à preuve du contraire, les ouvrages incriminés et présents dans de multiples librairies n’ont fait l’objet d’aucune procédure judiciaire et ne contreviennent donc pas à la loi. Ils sont simplement l’expression d’une opinion ou le résultat d’un travail de recherche. Libre à chacun de les lire ou de les ignorer, mais en aucun cas de tenter de les invisibiliser par la menace. C’est à la justice d’interdire le cas échéant un ouvrage, et non pas à ceux à qui il déplaît. La liberté dont jouissent les libraires de défendre ou non un livre fait écho à la liberté de pensée et d’expression des créateurs, à la liberté de publication des éditeurs et à celle des lecteurs de lire ou de ne pas lire.

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