les jeunes Français juifs, entre solitude et tiraillements identitaires

| 4 943


Face à l’entrée de la Sorbonne, en cette période de rentrée universitaire, les uniformes orangés et les foulards multicolores détonnent. Regroupés autour d’une tente ouverte aux quatre vents, une trentaine d’éclaireuses et éclaireurs israélites de France (EEIF) distribuent des pommes et du miel, symboles du Nouvel An juif, chantent en se serrant les uns contre les autres ou tentent de dialoguer avec les passants. Il flotte comme une atmosphère de camp scout sous le soleil de septembre… Les mines sont graves, pourtant. Des affichettes proclament : « Non à l’antisémitisme dans nos facs ». L’appel résonne ici avec une solennité particulière : les semaines précédentes, Paris-I Panthéon-Sorbonne a été le théâtre de plusieurs incidents antisémites.

Jérémy Houri (au centre), directeur général des éclaireurs israélites de France, lors d’un rassemblement contre l’antisémitisme devant l’entrée de la Sorbonne, à Paris, le 19 septembre 2025.

Il y eut d’abord, fin août, ce « sondage » lancé sur un groupe WhatsApp réunissant les étudiants de première année de licence d’économie : « les juifs, pour ou contre ? » Puis, début septembre, des étudiants exclus du groupe Instagram de la même promotion, la plupart en vertu de patronymes supposés juifs, deux autres parce que leur profil sur les réseaux sociaux les reliait aux « EI », comme ils se nomment couramment.

Pour montrer que « l’antisémitisme est l’affaire de tous », les éclaireurs israélites avaient sollicité le soutien – et donc la présence – des cinq autres mouvements
constitutifs du scoutisme français. Seuls une poignée de Scouts et guides de France, reconnaissables à leur chemise bleue, sont venus. Dans la fac elle-même, les affiches contre l’antisémitisme sont systématiquement arrachées ou taguées : « sionistes », « nazis », « Free Palestine »…

Il vous reste 81.03% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link