
Semaine après semaine, mois après mois, la liste des refus d’accueillir nos conférences sur la situation d’apartheid en Israël et dans les territoires palestiniens ne fait que s’allonger. A Montpellier, l’autorisation d’utiliser une salle municipale nous est retirée en mai 2022. A Aix-en-Provence, une conférence est annulée à l’université le 23 novembre 2022. A Marseille, Lyon, puis Toulouse, c’est le prêt de salles municipales qui nous est refusé.
Parfois, les raisons semblent factices (un « chauffage non branché »). Plus souvent, il est invoqué un « risque de sécurité » ou de « troubles » par des autorités locales ou responsables de salles pour annuler des événements prévus de longue date. Seul point commun à ces refus de débattre : ces rencontres portent directement ou indirectement sur les agissements des autorités israéliennes.
Pour la plupart de ces rencontres, il s’agit en effet de discuter du système de discrimination et de répression en cours en Israël, que nous avons qualifié juridiquement d’« apartheid », après plusieurs années d’enquêtes sur le terrain. A chaque fois, la méthode semble la même. Une mobilisation des soutiens du gouvernement israélien sur les réseaux sociaux, soutenus par des organisations françaises, parvient à convaincre les responsables de salles que la tenue de cette réunion ne pourra qu’entraîner des problèmes, et risque implicitement d’avoir des conséquences politiques sur l’élu local qui en serait tenu responsable.
A chaque fois ou presque, les organisateurs ont trouvé une solution de repli, et les réunions ont pu se tenir dans d’autres locaux. Mais ces interdictions à répétition s’apparentent à des atteintes répétées à la liberté d’expression et constituent une dérive sans précédent. C’est particulièrement flagrant lorsqu’il s’agit d’empêcher un citoyen libre d’apporter son témoignage. A Lyon, le 1er février, l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri devait ainsi participer à une conférence à l’invitation du maire (Europe Ecologie-Les Verts) de la ville, Grégory Doucet.
La présence de ce défenseur des droits humains, libéré et expulsé par l’Etat d’Israël après neuf mois de détention administrative sans preuves ni charges ni procès, a provoqué les foudres de « haters » (militants agressifs, violents et le plus souvent anonymes sur les réseaux sociaux). Après des menaces physiques et injures proférées à l’encontre d’une adjointe au maire, ce dernier a préféré annoncer l’annulation et le report sine die de cette table ronde.
Un déchaînement de messages haineux
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