mercredi, septembre 18FRANCE

Les fonds « verts » vont devoir l’être… ou changer de nom

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Ne vous étonnez pas si votre fonds « vert » change de nom ces prochains mois. Le brouillard législatif où évoluent ces produits financiers, dont la moitié investit dans l’énergie fossile, se dissipe. Le 14 mai, l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) a édicté des lignes directrices auxquelles tout fonds baptisé « durable », « ESG », « climat », « vert », « social », « transition » ou « impact » devra se soumettre.

Au plus tard le 21 mai 2025, 80 % de leurs encours au moins seront consacrés à « atteindre des caractéristiques environnementales, sociales ou des objectifs d’investissement durable ». Ces fonds au nom à consonance durable hors « transition » et « social » devront aussi exclure les énergies fossiles. Donc bannir les entreprises dont plus de 1 % des revenus proviennent de l’exploitation de charbon, 10 % du pétrole ou 50 % du gaz.

Ces consignes s’appliqueront à tous les produits d’investissement distribués dans l’Union européenne, quel que soit le pays où officie leur distributeur. A condition que les autorités de marché des pays membres adoptent ces recommandations. Elles ont jusqu’au 21 octobre pour faire savoir si elles s’y conforment totalement, partiellement ou pas du tout, ce dernier cas requérant des motivations solides.

40 milliards de dollars de désinvestissement

En France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) n’a pas encore statué. Pour refuser, elle devra avancer des motifs solides, alors qu’elle a fait de la lutte contre l’écoblanchiment une de ses priorités et sanctionné un gestionnaire de fonds pour greenwashing pour la première fois en juin.

De son côté, le gendarme boursier allemand a déjà annoncé adopter ces nouvelles normes.

Cet encadrement a de quoi bouleverser le marché de l’investissement durable. Aujourd’hui, deux tiers des fonds « verts » vendus aux Européens ne respectent pas les seuils imposés par l’AEMF, selon la société d’analyse Morningstar, qui a passé au crible 4 300 placements. Si tous les gestionnaires opéraient un changement de stratégie pour garder le qualificatif « vert », le désinvestissement pourrait atteindre 40 milliards de dollars (environ 36,18 milliards d’euros), dont 3,5 milliards pour TotalEnergies seul, a calculé la plate-forme.

Reste à savoir si les sociétés de gestion comptent investir en respectant les nouvelles règles ou seulement changer la dénomination de leurs fonds peu « verts » au sens de l’AEMF. Celles que nous avons interrogées disent n’avoir pas encore arbitré. La responsable des affaires publiques de BNP Asset Management, Laurence Caron-Habib, évoque « environ deux cents fonds sur lesquels a lieu une analyse d’impact, soit un tiers des fonds ESG et entre 40 % et 50 % de ceux ouverts aux particuliers ».

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