
Enfant gâté dans une chambre pleine de jouets, Donald Trump détruit ce que ses prédécesseurs lui ont légué : l’ordre libéral international (nous dirons l’OLI). Il casse avec application cet ensemble d’institutions mises au point par les Etats-Unis au lendemain de la seconde guerre mondiale. Le système avait bien des défauts, mais il n’est pas impossible qu’on le regrette assez vite.
La pyramide institutionnelle imaginée en 1945 est ambitieuse : d’abord l’ensemble onusien, puis un réseau d’alliances avec les alliés européens (l’OTAN) et asiatiques ; l’appui au projet d’union sur le Vieux Continent ; la promotion du libre-échange ; le soutien à la démocratie ; enfin, l’attachement – au moins dans les formes – aux règles ainsi définies en lieu et place des seuls rapports de force. La gauche y a souvent vu le paravent de l’impérialisme américain. La droite s’est méfiée d’un machin destiné à brider la souveraineté des nations. Et tout le monde – à commencer par les Occidentaux – a été infidèle à l’OLI, encore appelé « pax americana ».
A quoi assiste-t-on aujourd’hui ? Incarnation d’un conservatisme éclairé, cultivé et tolérant, le Britannique Chris Patten explique : « Trump et sa bande de cireurs de pompes ignares sont en train de vandaliser le réseau d’organisations, d’accords et de valeurs très largement mis en place par l’Amérique au lendemain de la seconde guerre ». Cité dans le New York Times, le 19 février, Lord Patten ajoute que, « dans l’ensemble », ledit « réseau (…) nous a donné, à nous comme aux Etats-Unis, beaucoup de paix et de prospérité ».
Le droit des puissants
L’OLI est en perte de crédibilité depuis plusieurs années déjà. Les causes en sont multiples. Trump première manière avait asséné quelques coups de pioche. Moins de trois mois après son retour à la Maison Blanche, il poursuit la mise en pièces.
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