Les écoles d’art s’inquiètent pour leur avenir

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Une enveloppe de 200 millions d’euros et une mission d’évaluation. Après des mois d’alertes diverses venues tant des étudiants que des professeurs et des directeurs des écoles supérieures d’art territoriales, la ministre de la culture a reconnu, mardi 28 mars, lors des questions au gouvernement, que les établissements faisaient face à « d’importantes difficultés financières ».

Rima Abdul Malak a annoncé un plan d’urgence et la nomination de Pierre Oudart, directeur de l’Institut national supérieur d’enseignement artistique Marseille-Méditerranée, pour rédiger, « avant l’été », des préconisations sur les « défis structurels » des écoles. L’interorganisation, coordination regroupant syndicats enseignants et étudiants, était reçue dans la foulée, tout comme une délégation des directeurs d’école. Le ministère souligne que « les crédits d’urgence débloqués représentent un effort financier conséquent ».

Voilà plusieurs semaines que la quasi-totalité de ces écoles enchaînent manifestations et occupations de leurs locaux. Dans un courrier adressé au ministère en septembre 2022, les directeurs des établissements avaient tiré la sonnette d’alarme devant l’explosion des surcoûts liés à l’inflation et à l’envolée des prix de l’énergie. « Entre l’augmentation du point d’indice des fonctionnaires, la hausse des coûts des matériaux utilisés dans nos formations, l’explosion des tarifs des fluides, nous sommes un peu exsangues », assure Marie-Haude Caraës, directrice générale de l’Ecole supérieure d’art et de design (ÉSAD) Tours-Angers-Le Mans et vice-présidente de l’Association nationale des écoles d’art (Andéa). « Nous avons besoin que l’Etat conforte la place de réseau d’écoles publiques qui innerve les territoires », rappelle sa collègue Estelle Pagès, directrice de l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts de Lyon.

Fermeture envisagée

Ces écoles territoriales, au nombre de 33 (pour quelque 8 400 étudiants), pâtissent depuis 2011 d’un statut particulier : autrefois en régie municipale, elles sont passées établissements publics de coopération culturelle, financées très majoritairement par les collectivités locales (ville et métropole) − le ministère de la culture ne les subventionne qu’à hauteur de 11 % de leur budget en moyenne. Elles sont donc à la merci des aléas politiques locaux et de la bonne volonté des maires.

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Le sort réservé depuis des mois à l’ÉSAD de Valenciennes (Nord), spécialisée dans le design, illustre cette situation autant qu’elle inquiète tout le milieu. Après plusieurs coupes successives dans les subventions de la ville, le budget de l’établissement a plongé dans le rouge. Une aide exceptionnelle a été allouée par la ville et l’Etat en 2022, mais sans résoudre un déficit structurel : pour 2023, il manquerait 284 000 euros. Le départ de la direction de l’école, survenue en 2021, à la demande de la ville, sans qu’un renouvellement de poste soit acté, a parachevé la crise. La sanction a été immédiate : le conseil d’administration a décrété la suspension des recrutements d’étudiants pour 2023-2024, et l’accréditation à délivrer des diplômes a été retirée par le Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur.

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