

Où en est l’action sanitaire en matière de drogues ? La question résonne parmi les acteurs de terrain – addictologues, travailleurs sociaux, médecins, associations… – alors que le gouvernement a durci le ton en lançant, le 6 février, une « campagne de culpabilisation » en direction des consommateurs. Exit l’information, la sensibilisation, la prévention : la désignation des consommateurs de drogue comme responsables des violences des narcotrafics, intégrés dans cette « chaîne meurtrière », est assumée comme seul message par le ministère de l’intérieur, sans qu’aucun autre discours émerge du côté du ministère de la santé.
Cette question de l’absence d’action sanitaire a aussi été soulevée dans le rapport sur la politique de lutte contre les trafics de stupéfiants rendu public, lundi 17 février, par les députés Antoine Léaument (La France insoumise, Essonne) et Ludovic Mendes (Renaissance, Moselle), qui plaident pour aborder ces enjeux sous un prisme autre que celui de la répression.
A Beauvau, le glissement sémantique semble pourtant consommé. « Chaque jour, des personnes payent le prix de la drogue que vous achetez », entend-on dans le clip d’une trentaine de secondes, dévoilé devant la presse par Bruno Retailleau, qui a ainsi revendiqué une « rupture ». Même si le sillon a été creusé sous les précédents gouvernements par d’anciens ministres, comme Eric Dupont-Moretti à la justice, condamnant le « pétard du samedi [qui] a le goût du sang séché sur le trottoir » ou Gérald Darmanin à l’intérieur, faisant des consommateurs les « premiers responsables » des règlements de comptes.
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