Les armateurs de navires fabriqués en Chine accostant aux Etats-Unis devront payer de nouveaux frais

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Au port de Long Beach, près de Los Angeles, le 9 avril 2025.

Les propriétaires et armateurs de navires fabriqués en Chine devront payer de nouveaux frais lorsqu’ils accosteront dans les ports américains, a annoncé, jeudi 17 avril, le représentant au commerce de la Maison Blanche (USTR). La mesure doit entrer en vigueur dans 180 jours, et il est prévu que les montants augmentent progressivement. Seront également concernés les propriétaires et opérateurs chinois de navires non fabriqués en Chine, précise l’USTR dans un communiqué. Ces frais seront facturés par visite aux Etats-Unis – et pas à chaque port américain visité – et un maximum de cinq fois par navire et par an.

L’USTR a aussi prévu une tarification spécifique pour les navires transportant des véhicules, qui doit aussi entrer en vigueur dans 180 jours, et pour ceux transportant du gaz naturel liquéfié (GNL), mais dont la facturation ne doit commencer que dans trois ans et grimper par étapes pendant vingt-deux ans.

« L’USTR a pris aujourd’hui une mesure ciblée pour restaurer la construction navale américaine et pour réagir face aux actions, politiques et pratiques déraisonnables de la Chine pour dominer les secteurs maritimes, logistiques et de la construction navale », a relevé le communiqué.

Une enquête lancée par Joe Biden

L’ancien président Joe Biden avait confié en 2024 à l’USTR le soin d’enquêter pour mettre à jour « les pratiques déloyales de la Chine dans les secteurs de la construction navale, du transport maritime et de la logistique ». Cette enquête a été maintenue par son successeur Donald Trump, qui a également annoncé début mars la création d’un Bureau de la construction navale qui doit être rattaché à la Maison Blanche.

Dominante au sortir de la seconde guerre mondiale, l’industrie navale américaine a peu à peu reculé et ne représente plus que 0,1 % de la construction navale au niveau mondial, désormais dominée par l’Asie, avec la Chine qui construit près de la moitié des navires mis à l’eau, devant la Corée du Sud et le Japon. Les trois pays asiatiques représentent plus de 95 % des navires civils construits, selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Cette annonce intervient en pleine guerre commerciale entre Washington et Pékin.

Hausse du montant au fil des ans

« Les navires et le commerce maritime sont cruciaux pour la sécurité économique américaine et pour la circulation libre du commerce », a commenté Jamieson Greer, représentant au commerce de la Maison Blanche, cité dans le communiqué de jeudi. Il a précisé que l’objectif était « de renverser la domination chinoise, de régler les menaces pesant sur la chaîne d’approvisionnement des Etats-Unis et d’envoyer un message pour la demande en navires de fabrication américaine ».

Les Etats-Unis prévoient donc, dans 180 jours, de faire payer aux navires fabriqués en Chine dix-huit dollars par tonne nette – ou 120 dollars par conteneur –, avec une hausse de cinq dollars par an pendant les trois années suivantes. La hausse sera « proportionnelle » pour la facturation par conteneur et atteindra, par exemple, 154 dollars la deuxième année.

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Concernant les navires détenus ou opérés par des Chinois mais non fabriqués en Chine, l’USTR a prévu cinquante dollars par tonne nette avec une hausse annuelle de trente dollars supplémentaires pendant les trois années suivantes. Par ailleurs, pour « inciter » à la fabrication aux Etats-Unis de navires de transport de véhicules, tous ceux sortis de chantiers navals non américains devront payer à partir de 150 dollars par « Car Equivalent Unit » (CEU). Cette mesure doit aussi commencer dans 180 jours. Et, pour stimuler la fabrication américaine de navires de transport de GNL, des « restrictions » non précisées vont être mises en place dans trois ans sur ceux de fabrication étrangère. Elles « augmenteront graduellement pendant vingt-deux ans », a précisé l’USTR. Mais si l’opérateur, ou le propriétaire, d’un navire lié à la Chine peut « prouver » une commande pour un navire équivalent fabriqué aux Etats-Unis, les frais et restrictions « seront suspendus pour trois ans maximum ».

Les fédérations américaines d’une trentaine de secteurs d’activité avaient fait part en mars de leurs inquiétudes sur les risques de telles mesures sur les prix des produits importés. Certes, ces mesures « profiteront à l’industrie navale » mais « de nombreux secteurs seront touchés, et dans plusieurs cas très fortement », avaient-elles relevé, citant notamment le secteur agricole, des services des différents secteurs industriels, sans pour autant chiffrer l’impact.

Le Monde avec AFP

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