
Après quarante et un jours de shutdown, le Sénat américain a adopté, lundi 10 novembre, un texte visant à mettre fin au blocage de l’Etat fédéral, grâce à l’appui d’une poignée de sénateurs démocrates. C’est désormais à la Chambre des représentants de se prononcer.
La proposition de loi adoptée à 60 voix pour et 40 contre étend le budget actuel jusqu’à la fin du mois de janvier. Le texte doit encore être débattu et adopté à partir de mercredi à la Chambre des représentants, avant d’atterrir sur le bureau de Donald Trump pour une promulgation qui mettra officiellement fin à la paralysie budgétaire.
Avant le vote, le président américain s’était réjoui d’avoir obtenu suffisamment de voix démocrates au Sénat pour sortir de l’impasse. « C’est dommage qu’il ait été fermé, mais on va rouvrir notre pays très rapidement », a-t-il déclaré devant la presse à la Maison Blanche.
Le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait aussi exprimé son optimisme, lundi, que la paralysie soit levée « cette semaine ». « Notre long cauchemar national touche enfin à sa fin », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Depuis le 1er octobre et le début du blocage, plus d’un million de fonctionnaires ne sont pas payés, le versement de certaines aides est fortement perturbé, tout comme le trafic aérien, avec désormais des centaines d’annulations de vols chaque jour.
Pas d’avancées sur la santé
Au cœur du différend entre républicains et démocrates depuis plus de quarante jours : la question des coûts de santé. Le parti de Donald Trump, majoritaire au Congrès, proposait une simple extension du budget actuel, tandis que l’opposition réclamait une extension de subventions pour le programme d’assurance santé Obamacare, à destination principalement des ménages à bas revenus.
Ces subventions doivent expirer à la fin de l’année, et les coûts de l’assurance santé devraient ainsi plus que doubler en 2026 pour les 24 millions d’Américains qui utilisent l’Obamacare, selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.
En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates étaient nécessaires pour adopter un budget même si les républicains y sont majoritaires. Au total, huit démocrates ont finalement voté pour un nouveau texte.
« Des semaines de négociations avec les républicains ont montré clairement qu’ils ne discuteraient pas des questions de santé » pour mettre fin à la paralysie, a justifié dans un communiqué la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen, qui a voté en faveur du texte. « Attendre plus longtemps ne fera que prolonger les souffrances que les Américains ressentent à cause du shutdown », a-t-elle ajouté.
Connus la plupart comme centristes, ces huit élus de l’opposition ont obtenu l’annulation du licenciement de milliers de fonctionnaires fédéraux par l’administration Trump depuis le début de la paralysie.
Ils sont en revanche repartis les mains presque vides sur les questions de santé, n’arrachant pas une extension des subventions dans le texte final, mais seulement une promesse du chef républicain du Sénat quant à la tenue d’un vote prochain sur cette question. Une promesse creuse, ont dénoncé de nombreux élus démocrates, car le chef de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a, lui, refusé de s’engager à prévoir un tel vote.
Gavin Newsom dénonce une « capitulation »
Les républicains « n’agissent pas de bonne foi quand il s’agit de la santé des Américains », a accusé, lundi, le chef de la minorité démocrate à la Chambre, Hakeem Jeffries, lors d’une conférence de presse.
Le gouverneur démocrate de Californie, Gavin Newsom, devenu l’un des principaux visages de l’opposition à Donald Trump, a, lui, fustigé sur X une « capitulation » et une « trahison » envers l’Amérique qui travaille.
De nombreux élus et sympathisants démocrates appellent désormais à ce que des têtes tombent. Le premier visé : Chuck Schumer, chef de la minorité au Sénat. S’il a voté non dimanche soir, il est soupçonné par de nombreux élus et sympathisants démocrates d’avoir poussé en coulisses pour que ces élus modérés parviennent à un accord avec les républicains.
