« Le rôle de l’Union européenne est de lever les contraintes qui rendent difficile la transformation vers l’économie de guerre »

| 3 401


Sous la violence des chocs qu’elle subit aujourd’hui, l’Europe s’engage dans un effort de défense massif. Parce que la pratique est d’afficher des chiffres, l’Union européenne (UE) prévoit de consacrer 800 milliards d’euros à son réarmement. Les 27 chefs d’Etat et de gouvernement reconnaissent que l’essentiel de cet effort viendra des budgets des Etats – auxquels appartient la responsabilité de défense – et que l’UE doit les aider à faire l’effort financier nécessaire : c’est-à-dire drainer les investissements privés et lever les entraves réglementaires, tout en renforçant les incitations à la coopération. Jamais le langage n’a été aussi clair sur la souveraineté, l’autonomie et la nécessité de développer une base industrielle et technologique européenne solide.

Quels sont les écueils à éviter pour que, en réponse au désengagement américain, ces résolutions fassent de l’Europe une puissance militaire capable de dissuader les attaques de natures multiples auxquelles elle est exposée ? Le premier serait simplement de ne pas trouver la cohésion nationale nécessaire pour donner une priorité à la défense et de ne pas maintenir dans la durée la volonté politique affichée aujourd’hui sous le coup de l’émotion. Le second écueil serait de profiter de la manne de budgets accrus pour faire « cavalier seul », au niveau national, au prix d’un morcellement qui compromettrait l’efficacité opérationnelle et industrielle. Et ce serait de choisir des cadres et modalités de coopération qui nous priveraient de partenaires européens précieux– comme le Royaume-Uni, la Norvège, ou la Turquie – , ou bien de partenaires non européens.

Pour réussir cet effort massif de défense, deux éléments sont essentiels. Tout d’abord, ne pas limiter la défense à l’armement. La défense couvre aussi l’action militaire. Celle-ci implique une chaîne de commandement. Les Européens se sont reposés sur l’OTAN pour leur défense territoriale collective, donc sur le Grand Quartier général des puissances alliées en Europe [Shape] et son commandant suprême [Saceur] américain. La question de la disponibilité de Shape en cas de refus d’engagement des Américains mérite une réponse sans ambiguïté. Dans cette configuration, il faudrait monter au plus vite un véritable état-major qui permette de commander une action européenne complexe et d’ampleur, sans avoir à improviser la combinaison de moyens de commandement nationaux.

Il vous reste 59.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link