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A force de faire de la politique et d’user jusqu’à la corde de vieilles franchises, Disney finit par éloigner durablement le spectateur. C’est ce qu’a concédé son PDG, Bob Iger, mercredi 29 novembre, à New York, dans le cadre de l’événement DealBook Summit, un forum organisé par le New York Times. « Les créateurs ont perdu de vue ce que devait être leur objectif numéro un. Nous devons d’abord divertir. Il ne s’agit pas d’[envoyer] des messages », a déclaré le patron âgé de 72 ans, qui fut pourtant l’un des grands artisans de la bascule progressiste de Disney à partir des années 2000.
Certes, M. Iger estime avoir longtemps réussi à divertir tout en promouvant ses valeurs. « Nous avons eu un impact positif sur le monde de différentes manières. Black Panther [sorti en 2018] en est un excellent exemple », a expliqué Bob Iger. Mais le but premier, c’est de divertir. Depuis qu’il a repris il y a un an la tête de l’entreprise, en perte de vitesse après un faux départ en retraite en 2021, M. Iger dit vouloir « revenir à nos racines ».
Disney s’est empêtré dans une guerre culturelle avec Ron DeSantis, le gouverneur de Floride, candidat à l’investiture démocrate pour 2024. Critiquée pour son « wokisme », la compagnie a fait l’objet d’attaques sur les réseaux sociaux pour avoir inclus un baiser homosexuel dans Lightyear (Buzz l’éclair, 2022) et un personnage ouvertement gay dans Strange World (Avalonia, l’étrange voyage, 2022). Le public le plus réactionnaire a déploré que la Petite Sirène, dans sa dernière version, fût incarnée par l’actrice noire Halle Bailey.
Le remake de Blanche-Neige, qui sortira en 2025, suscite déjà la polémique, car les nains seront remplacés par des « créatures magiques », tandis que l’héroïne devrait s’émanciper, à en croire l’actrice Rachel Zegler, qui incarnera Blanche-Neige à l’écran : « On n’est plus en 1937 [publication du premier Blanche-Neige de Disney]. Elle ne sera pas sauvée par le prince. Et elle ne rêvera pas du véritable amour. Elle rêve de devenir la leader qu’elle sait pouvoir être. » A vouloir concilier tradition et modernité, incapable d’innover vraiment, Disney agace tout le monde et finit surtout par ennuyer.
Bides au box-office
Le plus gênant, c’est que Disney multiplie les bides au box-office. Wish (Asha et la bonne étoile) ne s’est placé qu’à la troisième place du box-office américain pour le long week-end de Thanksgiving et vient s’inscrire dans une série d’échecs, tels que The Marvels ou Indiana Jones et le cadran de la destinée, cinquième avatar depuis 1981 avec l’acteur octogénaire Harrison Ford. La Petite Sirène a engrangé 570 millions de dollars (523 millions d’euros) de recettes mais reste très loin du milliard dépassé par Le Roi Lion ou La Belle et la Bête.
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