
Le Pakistan et l’Afghanistan se sont mis d’accord, dimanche 19 octobre, sur un « cessez-le-feu immédiat » après des pourparlers tenus samedi au Qatar pour tenter de ramener durablement le calme à leur frontière, après une confrontation ayant fait des dizaines de morts, a annoncé Doha.
Au cours de ces négociations, « les deux parties se sont mises d’accord sur un cessez-le-feu immédiat et l’instauration de mécanismes pour consolider une paix durable et la stabilité », affirme, dans un communiqué publié sur X, le ministère des affaires étrangères qatari, saluant « une étape importante qui va contribuer à mettre fin aux tensions à la frontière » entre les deux pays.
Après plusieurs jours d’affrontements ayant fait des dizaines de morts et ayant débordé jusqu’à Kaboul, théâtre d’explosions, le calme avait été ramené à la frontière après que les deux parties ont accepté un premier cessez-le-feu, mercredi. Le Pakistan avait affirmé qu’il devait durer quarante-huit heures, mais l’Afghanistan avait estimé qu’il serait en vigueur jusqu’à sa violation par la partie adverse. De fait, Kaboul a accusé, vendredi soir, son voisin d’avoir rompu cette trêve après des frappes ayant tué au moins dix civils, dont deux enfants et trois joueurs de cricket, dans la province frontalière de Paktika (est). Des sources de sécurité pakistanaises ont confirmé des « frappes aériennes de précision sur le sol afghan », visant une organisation armée.
Le gouvernement taliban avait dit se réserver « le droit de répondre », mais avait assuré « s’abstenir de toutes nouvelles actions (…) par respect pour l’équipe de négociateurs ».
Tensions bilatérales récurrentes
Depuis les raids pakistanais de vendredi soir, le calme est revenu à la frontière, d’après des correspondants de l’Agence France-Presse (AFP) dans la région. Samedi, des centaines de personnes ont participé aux funérailles des civils tués dans le district d’Urgun à Paktika, selon un journaliste de l’AFP sur place.
Cet épisode meurtrier s’inscrit dans des tensions bilatérales récurrentes, alimentées par des questions migratoires et sécuritaires. Islamabad, confronté à une résurgence d’attaques contre ses forces de sécurité, accuse inlassablement son voisin afghan « d’abriter » des groupes « terroristes », en tête desquels les talibans pakistanais (TTP), ce que Kaboul dément.
Kaboul doit « reprendre le contrôle » sur les combattants qui utilisent son sol « pour perpétrer des attaques odieuses au Pakistan », a redit samedi le chef d’état-major de l’armée pakistanaise, Asim Munir.
« Nous n’avons jamais amené, ni soutenu, le TTP ici », a de son côté affirmé le vice-ministre de l’intérieur afghan, Mohammed Nabi Omari, lors d’une cérémonie publique à Khost, autre région frontalière.
La confrontation a commencé la semaine dernière après des explosions dans la capitale afghane que les autorités talibanes avaient imputées au voisin pakistanais. En représailles, elles avaient déclenché à la frontière une offensive, à laquelle Islamabad avait promis une « réponse musclée ».
La semaine dernière, les premières déflagrations à Kaboul avaient eu lieu au moment où débutait une visite inédite du chef de la diplomatie talibane en Inde, l’ennemi historique du Pakistan.