Le militant Alaa Abd El-Fattah, figure de la révolution égyptienne, gracié par le président Al-Sissi après des années de détention

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Le militant égyptien Alaa Abd El-Fattah, à son domicile du Caire, le 17 mai 2019.

Le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, a accordé sa grâce au militant égypto-britannique Alaa Abd El-Fattah, a annoncé lundi 22 septembre Al-Qahera News, un média proche des autorités égyptiennes. « Le président égyptien décide de gracier (…) plusieurs condamnés après avoir pris les mesures constitutionnelles et juridiques nécessaires à cet égard », a précisé la télévision, ajoutant qu’Alaa Abd El-Fattah était concerné par la grâce.

Une information confirmée peu après par sa sœur, Sanaa Seif, sur X. « Ma mère et moi, nous nous rendons à la prison pour demander d’où Alaa sera libéré et quand », a-t-elle ajouté. « Mon cœur va s’arrêter », a commenté son autre sœur, Mona Seif, sur X. Sa libération ne pourra intervenir que quand le décret de grâce sera publié au Journal officiel, a précisé son avocat, le défenseur des droits humains Khaled Ali.

Selon l’avocat Tarek Al-Awady, membre du comité des grâces présidentielles, M. Abdel-Fattah devrait être libéré directement de la prison de Wadi Natroun. « Toutes les procédures sont terminées, il reste à la prison de prendre connaissance de la décision judiciaire », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) l’avocat.

« Bien que nous nous réjouissions de sa grâce, des milliers de personnes comme Alaa croupissent encore dans les prisons égyptiennes simplement pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression », a indiqué Human Rights Watch (HRW) dans un communiqué. Cité dans celui-ci, Amr Magdi, chercheur de HRW pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, dit espérer que « sa libération marque un tournant et offre au gouvernement [d’Al-]Sissi l’occasion de mettre fin à la détention abusive de milliers de critiques pacifiques ».

La libération attendue d’Alaa Abd El-Fattah est « un pas nécessaire et important, mais il n’aurait jamais dû être emprisonné », a déclaré à l’AFP le militant Ahmed Douma devant la prison bouclée par les forces de l’ordre. « Cela donne de l’espoir mais il y en a encore des dizaines de milliers d’autres en prison. »

Son nom retiré de la liste des personnes accusées de terrorisme

Figure emblématique du soulèvement de 2011 en Egypte, Alaa Abd El-Fattah avait été arrêté pour la dernière fois en 2019 et condamné à cinq ans de prison pour avoir publié sur Facebook un message évoquant des violences policières. Le militant de 43 ans a passé la majeure partie de la dernière décennie derrière les barreaux.

Cette décision intervient quelques jours après que le président égyptien a ordonné d’examiner une demande de grâce en faveur d’un certain nombre de détenus, dont Alaa Abd El-Fattah, a précisé le Conseil national des droits de l’homme, affilié à l’Etat.

En juillet, la justice a ordonné son retrait de la liste des personnes accusées de terrorisme, estimant que les récentes enquêtes n’avaient révélé aucune preuve le reliant aux Frères musulmans, organisation interdite en Egypte. Le gouvernement britannique a régulièrement évoqué son cas auprès des autorités égyptiennes. En mai, un groupe d’experts des Nations unies avait qualifié sa détention d’arbitraire et appelé à sa libération immédiate.

En août, le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l’homme, Volker Turk, avait également exhorté les autorités égyptiennes à mettre fin aux pratiques de détention arbitraire prolongée. En 2022, M. Al-Sissi avait relancé un comité de grâce présidentielle qui a permis la libération d’un certain nombre de prisonniers politiques de premier plan, dont un avocat de M. Abd El-Fattah, Mohamed Al-Baqer. Mais selon les défenseurs des droits humains, « trois fois plus de personnes » ont été arrêtées durant la même période.

Sa mère, l’activiste et universitaire Laila Soueif, a récemment mis fin à une grève de la faim de dix mois menée pour réclamer sa libération. M. Abd El-Fattah observe lui-même une grève de la faim depuis le début de septembre, après une grève de la faim partielle en mars par solidarité avec sa mère, alors hospitalisée.

Le Monde avec AFP

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