Le « Madleen », qui tentait de rallier la bande de Gaza, intercepté par l’armée israélienne

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Des militants à bord du bateau « Madleen », avant de naviguer vers la bande de Gaza, au départ du port sicilien de Catane, en Italie, le 1ᵉʳ juin 2025.

Le bateau humanitaire Madleen, qui tentait de rallier la bande de Gaza, avec à son bord notamment la militante suédoise Greta Thunberg et la députée européenne La France insoumise (LFI) Rima Hassan, a été dérouté, dans la nuit de dimanche 8 à lundi 9 juin, par les autorités israéliennes. Le voilier « fait route en toute sécurité vers les côtes d’Israël. Il est prévu que les passagers retournent dans leurs pays », a précisé le ministère des affaires étrangères israélien, dans un communiqué.

L’Elysée a déclaré, lundi, qu’Emmanuel Macron avait « demandé de permettre, dans les plus brefs délais, le retour en France » des six ressortissants français à bord.

« Depuis que nous avons eu connaissance de leur projet, contre les risques duquel nous les avons mis en garde, nous avons été en lien avec les autorités israéliennes pour prévenir tout incident », a également affirmé le ministre des affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, dans une déclaration transmise à la presse quelques minutes avant la communication de l’Elysée.

« Dès l’arraisonnement du navire, nous avons demandé à pouvoir exercer notre protection consulaire à leur égard » et à leur « rendre visite » dès qu’ils auront rejoint le territoire israélien, « en vue de s’assurer de leur situation et de faciliter leur retour rapide en France », a encore dit le chef de la diplomatie.

Le voilier, qui transporte douze militants – français, allemand, brésilien, turc, suédois, espagnol et néerlandais – était parti d’Italie le 1er juin pour « briser le blocus israélien » à Gaza, en proie à une situation humanitaire désastreuse après plus d’un an et demi de guerre. Après une escale en Egypte, il était arrivé à moins de 31 milles nautiques (57 km) de la bande de Gaza en dépit de l’ordre donné par Israël à son armée de l’en empêcher. L’Agence France-Presse n’a pu contacter aucune des personnes à bord.

Au cours de la nuit, la coalition Flottille de la liberté, qui a affrété le bateau, a annoncé que l’armée israélienne l’avait « arraisonné ». « La liaison a été perdue avec le Madleen », avait-elle déclaré sur Telegram, affirmant que l’équipage avait été « kidnappé par les forces israéliennes ».

La réaction d’Emmanuel Macron n’a pas suscité l’enthousiasme des « insoumis » : « C’est tout ? Donc le président de la République n’a rien d’autre à dire face au blocage illégal d’un bateau d’aide humanitaire et au kidnapping de son équipage ? Rendez-vous ce soir [lundi] dans la rue partout en France », a écrit sur X le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard.

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Plusieurs rassemblements sont prévus dans l’Hexagone en fin d’après-midi, dont un à 18 heures place de la République à Paris, pour demander la « libération » de l’équipage et la poursuite de la mission humanitaire. Autre voix de la gauche française à s’exprimer, la patronne des Ecologistes, Marine Tondelier, a appelé à « une mobilisation populaire internationale » pour « amener les Etats à s’engager pour leur protection et leur libération ».

« L’équipage a atteint son but. Il doit maintenant faire l’objet d’un soutien des Etats européens. Le silence des gouvernements serait une faute », a pour sa part réagi le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, sur X. « Le gouvernement israélien ajoute l’indignité à l’inhumanité », a ajouté le secrétaire national du Parti communiste français, Fabien Roussel.

« Provocation médiatique »

La coalition Flottille de la liberté a également fustigé une « violation manifeste des lois internationales », assurant que l’arraisonnement s’est déroulé dans les eaux internationales. « Israël n’a pas d’autorité légale pour détenir les volontaires internationaux à bord du Madleen », a déclaré sa responsable, Huwaida Arraf.

Sur X, les militants avaient affirmé attendre une « interception et une attaque d’Israël à tout moment » et appelé leurs gouvernements à les protéger.

Le gouvernement israélien a accusé, lundi, « Greta Thunberg et les autres [d’avoir] essayé de mettre en scène une provocation médiatique dans le seul but de se faire de la publicité ». Le ministre de la défense israélien, Israel Katz, avait annoncé, dimanche, avoir donné pour instruction à l’armée « d’empêcher le navire Madleen d’atteindre Gaza ». « L’Etat d’Israël ne permettra à personne de briser le blocus maritime de Gaza, dont l’objectif principal est d’empêcher le transfert d’armes au Hamas, une organisation terroriste meurtrière qui détient nos otages et commet des crimes de guerre », avait-il ajouté.

En 2010, une flottille internationale de huit cargos transportant près de 700 passagers, partie de Turquie pour tenter de forcer le blocus de la bande de Gaza, avait été stoppée par une opération militaire israélienne qui avait fait dix morts parmi les militants.

Le Monde avec AFP

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