« Le genre masculin s’est historiquement construit dans l’idée de la possession du corps des femmes »

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Professeure émérite à l’université Paris-Diderot, Michelle Perrot est une historienne de renommée internationale, pionnière de l’histoire des femmes et du genre. Elle a notamment dirigé, avec Georges Duby, L’Histoire des femmes en Occident, de l’Antiquité à nos jours (cinq volumes parus chez Plon, 1990-1991) et a publié Le Chemin des femmes (Robert Laffont, 2019), Le Temps des féminismes (avec Eduardo Castillo, Grasset, 2023) et S’engager en historienne (CNRS éditions, 2024).

Le second mandat de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis marque-t-il un moment de régression pour les femmes en Occident ?

Le masculinisme politique est une réaction au nouvel âge de l’émancipation des femmes, une réponse viriliste au mouvement #MeToo. Face à la libération de la parole sur les violences sexuelles et sexistes, mais aussi devant l’affirmation des femmes à vouloir vivre pleinement et souverainement leur vie amoureuse, sexuelle et parfois même professionnelle, une partie des hommes trouvent en Donald Trump une figure de la résistance de l’ordre ancien. Certains des partisans du président américain, influenceurs misogynes et complotistes, vont même jusqu’à retourner le slogan féministe, « Mon corps, mon choix » par « Ton corps, mon choix ».

C’est un véritable retournement idéologique. Une volonté d’en revenir à un prétendu « ordre naturel » dans lequel la domination masculine va de soi. Dans les années 1970, « Mon corps, mon choix » signifiait le plus souvent : « Un enfant si je veux. » Depuis #MeToo, il veut dire aussi : « Le sexe, si je veux, quand je veux. » La signification de cette inversion est claire : « Je suis maître de ton corps. »

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