le coût de l’immigration, fausse idée et vraie recette électorale du RN

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Ravindran est sri-lankais et travaille dans le même restaurant depuis dix-sept ans, à Paris, le 27 juin 2024.

Si le Rassemblement national (RN) arrive au pouvoir en France, dimanche 7 juillet, à l’issue du second tour des élections législatives, ce sera notamment parce qu’il aura fait de l’hostilité à l’immigration un déterminant-clé du vote en sa faveur, un sujet catalyseur des angoisses de certains Français, face à l’insécurité, réelle ou redoutée, face au risque de déclassement social ou au sentiment de tensions identitaires.

Lors de la campagne des législatives, comme lors de celle, juste avant, des européennes, le président du parti d’extrême droite, Jordan Bardella, aura en particulier martelé son souhait de « mettre fin à l’immigration de guichet social ». Dans un entretien au quotidien Ouest France, le 27 juin, il a redit sa volonté de faire des économies « sur le coût social que représente aujourd’hui l’immigration pour les finances de l’Etat » ; sur France 2, le 11 juin, il avait déjà affirmé que « l’Etat est trop généreux avec des gens qui viennent de l’étranger, qui n’ont jamais travaillé, et qui bénéficient pourtant de prestations sociales ». C’est sur cette conviction d’une immigration qui plombe les finances publiques que le RN défend des mesures de préférence nationale dans l’accès aux prestations sociales, mesures contraires à la Constitution.

Un discours qui imprègne les mentalités. « Une nette majorité de l’opinion rend les immigrés en partie responsables de la situation économique et sociale actuelle du pays », analyse la Commission nationale consultative des droits de l’homme, dans son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, publié le 27 juin. Ainsi, 60 % des Français pensent que « de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale », un chiffre en nette hausse sur deux ans (+ 8 points) et qui atteint un niveau record depuis 2016.

Aucune réalité

« Immigration = chômage », scandait le Front national (ancien nom du RN) de Jean-Marie Le Pen lors des élections législatives de 1978. Près de cinquante ans plus tard, la rhétorique a changé pour épouser la conjoncture. « Dans un contexte de chômage bas, les tensions se cristallisent sur l’accès aux ressources et au logement, relève Laurence de Nervaux, du think tank Destin commun. Il y a un sentiment de concurrence dans la précarité, en particulier chez certains Français, les retraités modestes, les mères célibataires et les travailleurs précaires. »

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Le RN flatte à l’envi cette idée, alors qu’elle ne repose sur aucune réalité. « Ce n’est pas la baisse de l’immigration qui va rétablir l’équilibre des comptes publics en France, prévient Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). C’est une idée fallacieuse car l’immigration n’est ni la cause du déficit ni la solution à ce déficit. »

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