
Lundi 16 juin, les élèves de terminale générale passent l’épreuve de philosophie du baccalauréat. Voici le corrigé d’un des deux sujets de dissertation proposés, réalisé par le professeur de philosophie Didier Guilliomet.
« La vérité est-elle toujours convaincante ? »
I. La vérité est convaincante quand elle réussit à remplir des conditions la rendant objectivement acceptable par tout sujet rationnel.
Bien que dans le langage courant, nous disions que nous sommes « convaincus » pour exprimer le fort attachement, parfois irrationnel, que nous éprouvons envers une idée, ou nous parlions de « convictions » pour désigner nos opinions politiques ou religieuses sans que l’on puisse toujours pouvoir en rendre raison, cet usage quotidien masque une distinction conceptuelle capitale entre « convaincre » et « persuader ». En effet, convaincre signifie obtenir l’adhésion par l’intermédiaire de démonstrations rationnelles ou de preuves empiriques, contrairement à la persuasion qui consiste à obtenir l’adhésion en faisant appel aux sentiments et aux passions. Convaincre et persuader sont donc deux moyens différents par lesquels on cherche à obtenir une adhésion de l’esprit à un énoncé.
A partir de cette première définition, nous pouvons dresser les conditions dans lesquelles la vérité peut être convaincante.
Une vérité est convaincante si elle est fondée sur un ensemble de preuves et de démonstrations. Il est ici nécessaire de faire quelques distinctions. L’adhésion rationnelle peut être emportée par l’intermédiaire de deux types de preuves différentes. Il y a d’abord les preuves empiriques, comme celles qu’un avocat montre ou rappelle dans un procès afin de rallier les juges et les jurés à la cause qu’il défend. Les preuves (empreintes, ADN, témoignages, etc.) appuient le discours de la plaidoirie et visent à montrer que les mots de l’accusation ne sont pas vides mais qu’ils correspondent à quelque chose de tangible.
Il existe également les preuves formelles, comme celles de la démonstration mathématique. La démonstration est un raisonnement déductif reposant uniquement sur la force interne de la raison qui déduit nécessairement chaque proposition de la précédente, suivant un ordre des raisons évident pour l’esprit. C’est ainsi que Descartes, dans les Règles pour la direction de l’esprit, définit la vérité par l’évidence et la certitude, qu’elles soient intuitives ou qu’elles procèdent d’une démonstration méthodiquement valide.
Il vous reste 74.7% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.