« Le Conseil constitutionnel doit constater l’incompatibilité de la loi Duplomb avec le principe de précaution »

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La loi Duplomb est une loi qui ne passe pas. Qui ne passe pas pour les Françaises et les Français victimes des maladies induites par les pesticides, dont la colère est légitime. Qui ne passe pas pour les scientifiques, qui, constatant les effets dévastateurs des pesticides sur le vivant, ont alerté les parlementaires des conséquences prévisibles de cette loi. Qui ne passe pas pour de nombreux agriculteurs, qui savent bien que la destruction des insectes pollinisateurs affectera la majorité d’entre eux, et qu’ils seront, ainsi que leurs familles et leurs enfants, les premières victimes des pesticides. Qui ne passe pas pour plus de deux millions de citoyennes et citoyens français qui ont signé la pétition demandant son abrogation. Et qui ne passe pas non plus pour nous, sociétés savantes médicales ou scientifiques, associations de patients, qui ne pouvons nous résoudre à accepter une loi dangereuse pour la santé de nos concitoyens.

Comment comprendre le vote d’une majorité de parlementaires en faveur de cette loi ? Il pourrait être tentant d’évoquer des stratégies politiques visant à s’assurer le soutien de puissants relais d’opinion comme la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), mais il faudrait admettre un cynisme politique inconcevable quand la santé publique est en jeu. Une autre explication semble plus plausible, celle de l’ignorance.

Parmi les 53 personnalités auditionnées par la commission sénatoriale préparant le texte, on constate des représentants de syndicats agricoles, du lobby des pesticides, de certaines agences de l’Etat (dont l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation) ou établissements publics à caractère scientifique ou technologique (dont l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), d’associations de défense de l’environnement.

Mais on ne recense aucun médecin, toxicologue, épidémiologiste. Aucun représentant de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), du CNRS, du ministère de la santé ou du travail (les pesticides sont des facteurs reconnus de maladies professionnelles), aucun représentant de la Caisse nationale d’assurance-maladie ou de la Mutualité sociale agricole.

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