Le conflit israélo-palestinien agite le festival de photojournalisme de Perpignan

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Le photographe palestinien de l’AFP, Mahmud Hams, primé au festival Visa pour l’image de Perpignan, prend des photos de bâtiments détruits par les bombardements israéliens dans la bande de Gaza, le 2 novembre 2023.

Et de trois. Pas moins de trois Visa d’or ont été attribués à des photographes palestiniens de la bande de Gaza lors du festival de photojournalisme Visa pour l’image de Perpignan. Non sans faire de vagues, tant la guerre meurtrière menée depuis onze mois à Gaza par Israël après les attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 enflamme les esprits.

Après Loay Ayyoub, vainqueur du prix du jeune reporter de la ville de Perpignan pour son travail avec le Washington Post, et Samar Abu Elouf, collaboratrice du New York Times, lauréate du prix Sipa de la presse quotidienne, c’est Mahmud Hams, collaborateur de l’Agence France-Presse (AFP), qui a remporté la plus haute récompense, le Visa d’or news, lors de la soirée finale du samedi 7 septembre, pour des images qui montrent la vie tragique des Gazaouis : familles entières tuées ou ensevelies sous les bombes, déplacements forcés, efforts désespérés pour se nourrir, se loger, se soigner. Le bilan de ce conflit, selon les chiffres du ministère de la santé du Hamas, s’élève à plus de 40 000 morts, en majorité civils.

Signe des tensions, l’après-midi même, une manifestation propalestinienne traversait bruyamment la ville. Et lors de la cérémonie, dans un Campo Santo plein à craquer, le maire (Rassemblement national, RN), Louis Aliot, brillait par son absence : il a créé la polémique dès l’ouverture du festival en refusant de remettre son prix en personne au jeune Loay Ayyoub, exposé au couvent des Minimes avec un sujet sur la Tragédie de Gaza. L’élu avait dénoncé un manque d’« équilibre » de Visa pour l’image, regrettant l’absence d’exposition consacrée aux massacres du 7 octobre 2023. Sur France Bleu, il a accusé le photographe de proximité avec le Hamas, lui reprochant de désigner l’organisation, sur ses réseaux sociaux, sous le terme de « la résistance palestinienne ».

Sur scène, le nouveau président du festival, Pierre Conte, a tenu à faire une mise au point sur cette concentration de prix : « Personne ne doit voir là un message politique, une prise de position dans un conflit épouvantable qui dure depuis trop longtemps. (…) Il faut y voir un moment où toute la profession salue avec respect, et donne ses encouragements, aux seuls photojournalistes qui sont sur le terrain à Gaza. » Car dans cette manifestation dédiée au journalisme, les professionnels sont confrontés à une situation exceptionnelle : l’interdiction totale par Israël, depuis le début de la guerre, de laisser les reporters étrangers pénétrer sur le terrain, forçant les médias internationaux à se reposer entièrement sur des journalistes gazaouis, et favorisant les débats sur la fiabilité des informateurs.

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