Le combat de Lyes Louffok, porte-voix des enfants placés

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Lyes Louffok, à Paris, en 2019.

La colère est le « moteur » de Lyes Louffok. Elle vibre en lui depuis son enfance meurtrie de gamin placé, trimballé de foyers en familles d’accueil. Cela fait des années que le militant de 29 ans dénonce sans relâche les dysfonctionnements du système de l’aide sociale à l’enfance (ASE), qui prend en charge environ 300 000 mineurs chaque année.

Récemment, sa colère contre l’exécutif est montée d’un cran, en apprenant le suicide d’une jeune fille de 15 ans, Lily, dans l’hôtel où elle avait été placée par les services départementaux du Puy-de-Dôme. « Vous vous rendez compte, on parle d’une gamine de 15 ans, dont l’Etat avait la responsabilité ! Dès qu’un enfant “normal” se suicide et qu’il y a un soupçon de harcèlement scolaire, ça fait la “une” des journaux. Là, rien, on n’a entendu aucun ministre, aucun responsable politique à part Perrine [Goulet, députée MoDem de la Nièvre, ancienne enfant placée] », accuse-t-il lors de notre rencontre, quelques jours après le drame survenu le 25 janvier. Quelques jours plus tôt, dans un tweet prémonitoire, Lyes Louffok avait prévenu : « Si un autre enfant est assassiné, violé ou se suicide, l’Etat sera considéré comme responsable. Je promets que nous ne laisserons pas passer cela. »

Ses adversaires dénoncent sa radicalité, l’accusent de soutenir le camp de La France insoumise. S’il revendique d’être de « gauche », lui affirme « parler avec tout le monde », Mathilde Panot comme Aurore Bergé ou Brigitte Macron.

Rancune tenace envers le camp macroniste

C’est en séchant les cours pour se rendre, à 14 ans, aux réunions de l’association Ni putes ni soumises que le jeune homme raconte avoir formé sa conscience politique. « J’étais entouré de meufs ultra “badass”, Sihem Habchi, Fadela Amara… C’est avec elles que j’ai fait mes armes. Elles m’ont tout appris, à me tenir, à militer, à travailler, à construire un récit… », se souvient-il avec un sourire.

Au fil du temps, sa notoriété a dépassé le petit cercle des anciens jeunes de l’ASE, qui se sont constitués parfois en collectifs. Il est apparu dans des documentaires télévisés, qui l’ont fait connaître du grand public. Son aura médiatique et ses interpellations des politiques en agacent plus d’un, notamment au sein de la majorité. « Depuis Laurence Rossignol, c’est la catastrophe », tacle-t-il, la rancune tenace envers le camp macroniste depuis la « trahison de la proposition de loi Bourguignon », du nom d’une loi votée en 2019. Censée interdire les « sorties sèches » de l’ASE à 18 ans, sa portée fut nettement amoindrie par un amendement déposé par le gouvernement, la veille de son adoption.

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