le Britannique Keir Starmer intéressé par les « solutions » de l’extrême droite italienne

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Le premier ministre britannique, Keir Starmer, et son homologue italienne, Giorgia Meloni, à Rome, le 16 septembre 2024.

La complicité était évidente entre le Britannique Rishi Sunak, un conservateur défendant les expulsions de demandeurs d’asile vers le Rwanda, et Giorgia Meloni, la première ministre italienne et cheffe de file du parti d’extrême droite Fratelli d’Italia. Malgré sa promesse de « changement » aux Britanniques, le travailliste Keir Starmer a multiplié, comme son prédécesseur, les démonstrations d’amitié à l’égard de son homologue italienne lors de sa première visite officielle à Rome, lundi 16 septembre.

Sous un soleil radieux, avec, en toile de fond, la superbe Villa Doria Pamphilj, Keir Starmer a trouvé « fantastique d’être ici » et a loué les « remarquables progrès » de l’Italie pour limiter les arrivées de migrants et lutter contre les gangs de passeurs.

Il faut dire qu’au lendemain d’un nouveau drame dans la Manche – huit personnes ont perdu la vie dans le naufrage de leur fragile bateau, dans la nuit du samedi 14 au dimanche 15 septembre, au large du Pas-de-Calais –, le dirigeant est pressé d’apporter des réponses à l’arrivée continue de demandeurs d’asile sur le sol britannique (801 personnes ont réussi la traversée du Channel le 14 septembre, selon le Home office).

Un discours dur

Avec presque 22 000 traversées réussies depuis le 1er janvier 2024, la migration est un sujet de préoccupation important outre-Manche. Les émeutes racistes de début août ont montré que des agitateurs d’extrême droite étaient capables d’exploiter les peurs et les fantasmes suscités par les migrants pour semer la violence. Downing Street s’inquiète aussi de la percée du parti anti-migrants, Reform UK, qui a réussi à faire élire cinq députés à la Chambre des communes aux élections générales en juillet.

M. Starmer a donc adopté un discours dur, pas si éloigné de celui des conservateurs, à ceci près qu’il ne promet plus, comme Rishi Sunak, de « stopper » les bateaux traversant la Manche – il s’est empressé, à son arrivée à Downing Street, de mettre fin à l’« accord Rwanda » qui prévoyait d’envoyer des demandeurs d’asile à Kigali. Cet accord était « un gadget », a-t-il répété depuis Rome – initialement proposé par Boris Johnson, il a coûté des centaines de millions de livres sterling sans qu’aucun demandeur d’asile n’ait pu être expulsé, l’accord ayant été contesté en justice.

Pour autant, la stratégie travailliste se limite, pour l’instant, à une lutte renforcée contre les passeurs avec la nomination, lundi, d’un « commandant à la sécurité des frontières », Martin Hewitt, un ex-chef de la police. Depuis le Brexit, le Royaume-Uni ne peut plus faire valoir le règlement de Dublin pour renvoyer des demandeurs d’asile ailleurs en Europe et il ne dispose plus d’un mécanisme pour décourager les passages (c’était le but de l’« accord Rwanda »). D’où l’intérêt de Londres pour les solutions migratoires italiennes, alors que les autorités transalpines se félicitent des derniers chiffres du ministère de l’intérieur montrant une baisse de 62 % sur les six premiers mois de 2024 par rapport à la même période l’an dernier, du nombre d’arrivées sur les côtes du pays (33 480 personnes).

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