

La Thaïlande a accusé, mardi 29 juillet, le Cambodge d’avoir violé un cessez-le-feu entré en vigueur quelques heures plus tôt sous l’égide de la Malaisie, et qui est censé mettre fin à près d’une semaine de sanglants combats frontaliers entre les deux pays.
Le premier ministre malaisien, Anwar Ibrahim, avait annoncé lundi que Bangkok et Phnom Penh étaient parvenus à « un accord commun prévoyant un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel » à partir de minuit mardi (19 h à Paris, lundi). Mais l’armée thaïlandaise a fait état mardi de « troubles (…) causés par la partie cambodgienne » dans la zone de Phu Makua, ayant « conduit à un échange de tirs entre les deux parties qui a continué jusqu’à ce matin ». D’autres affrontements se sont produits ailleurs jusqu’à 05 h 30 (0 h 30 à Paris), a affirmé un porte-parole de l’armée thaïlandaise dans un communiqué.
Le premier ministre cambodgien, Hun Manet, avait quant à lui écrit plus tôt sur Facebook que « la ligne de front se calme depuis le cessez-le-feu ». Et un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP) dans la ville cambodgienne de Samraong, à 20 kilomètres de la frontière, avait fait état d’une accalmie peu avant minuit après une journée de tirs d’artillerie incessants.
Les affrontements ont fait au moins 38 morts depuis jeudi et provoqué le déplacement d’environ 300 000 habitants. Les deux royaumes d’Asie du Sud-Est s’opposent depuis des décennies sur le tracé de leur frontière commune, définie au temps de l’Indochine française. Mais rarement dans l’histoire récente un tel épisode de violences avait secoué la région.
La Thaïlande et le Cambodge se sont accusés mutuellement d’avoir attaqué en premier, et chaque camp a remis en cause la sincérité de l’adversaire, avant de s’asseoir à la table des négociations, sous l’œil des Etats-Unis et de la Chine.
Une réunion d’un comité transfrontalier prévue le 4 août
« Félicitations à tous ! », avait écrit le président américain, Donald Trump, sur son réseau Truth Social après l’annonce de la trêve, annonçant avoir parlé aux dirigeants des deux pays. Le premier ministre thaïlandais par intérim, Phumtham Wechayachai, avait salué l’intervention de la Malaisie, qui occupe la présidence tournante de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean), de la Chine et du « président Trump ». « Nous sommes convenus d’un cessez-le-feu, qui, nous espérons, sera respecté de bonne foi par les deux parties », avait-il déclaré. De son côté, le premier ministre cambodgien, Hun Manet, a jugé que cet accord de paix offrait une chance d’un « retour à la normale ». Un espoir prudent dominait parmi les déplacés, des deux côtés de la frontière, après l’annonce du cessez-le-feu.
Bangkok et Phnom Penh étaient à couteaux tirés depuis la mort d’un soldat khmer, fin mai, lors d’un échange de tirs dans une zone contestée. Depuis, sur fond de flambée du discours nationaliste, les deux pays se sont engagés dans une surenchère de mesures qui ont affecté les flux économiques et de personnes.
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Avant le déclenchement des affrontements, la Thaïlande avait aussi expulsé l’ambassadeur cambodgien de son territoire et rappelé le sien présent au Cambodge. Le royaume khmer avait répondu en dégradant « au plus bas niveau » les relations diplomatiques avec son voisin.
Donald Trump avait appelé le chef des deux camps samedi, les exhortant à s’entendre autour d’un accord rapide, sous peine de geler les discussions portant sur les droits de douane prohibitifs qui doivent frapper ces deux économies dépendantes des exportations le 1ᵉʳ août.
Les affrontements ont officiellement fait 25 morts côté thaïlandais, dont onze soldats, et treize morts, dont cinq militaires, côté cambodgien. Plus de 138 000 Thaïlandais ont évacué les zones à risques, selon Bangkok, et plus de 140 000 Cambodgiens ont fait de même, d’après Phnom Penh. L’accord de cessez-le-feu prévoit la tenue d’une réunion d’un comité transfrontalier au Cambodge le 4 août.