

Une des patientes du radiologue François Py n’a pu résister à lui poser la question qui brûle les lèvres d’une bonne partie des habitants de Loches, petite ville en Touraine : « Entre nous, docteur, vous étiez au courant de l’affaire, non ? » L’affaire, c’est celle de Joël Le Scouarnec, 74 ans, cet ancien chirurgien qui comparaît, depuis le 24 février, pour viols et agressions sexuelles contre 299 victimes présumées, mineures pour la plupart.
A la barre des témoins, le radiologue l’a juré devant la cour, comme il le fait sans doute quand ses patients l’interrogent : « Je ne savais pas. Je suis navré pour toutes les victimes, mais je n’y suis strictement pour rien. » A son tour à la barre, Christophe Ménard, anesthésiste, secoue la tête en guise d’incompréhension. « Personne n’a rien vu, il paraissait sous contrôle, pas du tout quelqu’un qui dérapait », dit-il. L’unanimité est telle que Laurence Delhaye, une des magistrates de la cour criminelle du Morbihan, finit par demander : « N’y a-t-il pas eu une concertation entre vous pour que chacun dise la même chose ? » Plus d’une centaine de médecins, dans dix établissements différents, ont été entendus pendant l’enquête : aucun n’a jamais surpris un geste ni même un mot du chirurgien laissant soupçonner sa pédophilie. C’est un portrait de l’accusé en blouse blanche que l’audience a esquissé ces derniers jours. Ou comment un chirurgien pouvait soigner un petit patient et l’agresser sexuellement, parfois à quelques minutes d’écart.
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